Détente à Uvita

Uvita, nous passons 2 belles journées au Toucan Hostal. L’auberge de jeunesse nous offre un superbe espace commun autour de la cuisine où nous faisons la rencontre de Béatrice et Laurent des français, d’Ingrid et Michel des cyclotouristes de Montréal, de Ludwig et Elena des backpackers suédois et Tania une voyageuse française.

Nous déjouons la chaleur en profitant de la rivière où nous passons de longues heures à jouer tous les 4. Des purs moments de plaisir.

Après deux nuits sous la tente avec notre double toit en place, nous décidons de l’enlever cette nuit pour essayer d’avoir un peu de fraicheur.

Le réveil est programmé pour 5h car le lendemain nous prenons la route. C’est à 1h que nous nous réveillons en sursaut : il pleut ! En trois mois nous n’avons quasiment pas vu la pluie et la voilà qui nous surprend en pleine nuit… pas sympa. Nous sautons hors de la tente, attrapons le double toit et les sardines et en quelques instants c’est réglé. Nous nous félicitons d’avoir placé toutes nos affaires sous notre bâche, c’est déjà ça de gagné.

Le sommeil est difficile à retrouver et quand le réveil sonne à 5h nous sommes en eaux troubles. Lilian me réveille et me demande :

- « Qu’est ce qu’on fait? On décolle ou on attend que cela se calme? »

- Encore dans mes rêves, je lui réponds : « Laisse moi 5 minutes pour réfléchir un peu… » et je me laisse emporter par la fatigue.

Lilian lui ne dort pas, il me réveille 5 min plus tard et là je lui dis : « C’est bon, restons là une journée de plus ».

Il fait un semblant de frais dans la tente et dormir est vraiment trop tentant. Puis je reprends mes esprits. Il ne pleut plus, il fait frais : décollons vite pour en profiter !!

5h20 tout s’agite dans la tente. Nous avalons notre bol d’avoine, cacahouètes et miel à l’eau et c’est parti ! Les filles auront quelques gâteaux dans la carriole à leur réveil. Nous les posons délicatement à leur place et hop, 6h30 nous passons le portail de l’auberge sous les yeux impressionnés des deux français levés tôt pour partir à la découverte des cascades dans la jungle.

Le vélo – un voyage olfactif

Dimanche 20 mars 2016

L’air est en effet frais et les odeurs sont maintenant bien différentes. Je me rends compte de combien notre voyage est composé d’odeurs et de sons. Ces sens trop souvent oubliés dans notre quotidien urbain sont mis à contribution à 100% depuis ces derniers mois et c’est aujourd’hui avec l’humidité que la pluie a déposé sur la route que je m’en aperçois vraiment. La végétation dense fait ressortir des odeurs florales fruitées. J’entreprends de répertorier dans ma tête les odeurs que nous avons découvertes sur la route tout au long de ces 2000 km.

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Cela commence par l’odeur de goudron chaud sous nos roues. Cette mélasse qui fini par couler et coller. Je pense aux rues d’Aix-en-Provence où les médailles dorées qui matérialisent le parcours de Cézanne sont à moitié englouties par le bitume.

La jungle qui nous encercle nous offre une nuance d’odeurs plus ou moins fraiches, remplis d’effluve de banane, de fleurs, de végétation, de sous bois, de terre humide ou d’eau croupie.

En Amérique centrale, les bords de route sont souvent couverts de déchets plastiques et le nettoyage se fait en les brulant là où ils se trouvent. Les bas côtés dégagent alors des odeurs de braise et de cendre froide. La canne à sucre calcinée développe quand à elle une odeur sucrée particulièrement écoeurante.

Nombreux sont les camions qui nous doublent. Ils passent en général assez loin de nous et nous avertissent de leur arrivée par un coup de klaxon. Nous nous accrochons alors à notre guidon et les laissons passer. Une fois l’arrière du camion devant nous, nous découvrons la nature de son chargement et ce n’est pas toujours agréable. Cela va du cochon qui fait son dernier voyage à quatre pattes, au troupeau de vaches entassées les unes sur les autres, en passant pas les poulets superposés dans des caisses en plastique sur 4 niveaux. Souvent un camion avec une pub pour des boissons fraiches (généralement de la bière) nous double et ne fait que nous donner plus soif encore. Les plus agréables sont les camions alimentaires qui ne sentent rien… en fait ce n’est pas tout à fait vrai, tout à une odeur quand il fait 35°C ! Figurez-vous que la plupart sentent la lessive à plein nez ! Nous ne sommes donc plus surpris quand notre pain a un arrière goût de savonnette. Ils doivent transporter tous les aliments secs dans les mêmes camions, il n’y a pas de raison pour que la lessive voyage seule.

Course de côte.
Course de côte.

Parfois une odeur très forte vient remplir nos narines. Au début nous nous hâtions pour passer cette zone à l’odeur fétide. Nous savons maintenant à quoi elle correspond. Quand nos narines commencent à nous chatouiller nous n’avons qu’à tourner la tête pour apercevoir les restes d’un singe, d’un cheval, d’un chien, d’un gros iguane ou d’une vache dans le fossé. Le plus désagréable c’est quand les rapaces effrayés par notre arrivées s’envolent juste devant nous.

Une autre odeur que nous découvrons est notre propre odeur… Nous nous enduisons tous les matins de crème solaire : l’actuelle a une odeur qui ressemble au Smecta, celle d’avant ne sentait rien et le tube précédent laissait une douce odeur de vanille… pendant quelques minutes seulement car après c’est notre sueur qui prend le dessus. Nos vêtements sont régulièrement (presque tous les jours) frottés avec la bloc de lessive solide que nous avons acheté au Mexique, il sent les fruits tropicaux.

Le matin quand nous passons devant un arrêt de bus les parfums frais se mélangent. Une maman sur son vélo avec sa fille partent à l’école, nous les doublons et remplissons nos poumons de son doux parfum fruité. L’homme que nous croisons de l’autre côté de la route est tombé dans sa lotion d’after-shave ce matin !

Je me fais rattraper par cette odeur de fumée. Lilian est devant moi, nous sommes dans une côte et voyons à quelques mètres de nous des flammes sur le bord de la route. Un homme est en train de nettoyer devant chez lui. La fraicheur relative s’est envolée, il fait très chaud, nous allons devoir traverser un nuage de fumée et subir la chaleur à laquelle il est associé. Nous ne manquons pas de (tout de même) lancer un Hola! au monsieur dont les bottes sont bien trop grandes.

Sierpe – Mets de l’huile

Nous arrivons à Palmar Norte vers 10h30. Juste le bon timing pour prendre un petit jus de quelque chose et continuer jusqu’à Sierpe. Nous avons l’idée de faire une sortie en bateau à travers la mangrove et d’aller faire un peu de plongée en masque/palme/tuba. Aller, encore 20 km et c’est maintenant tout plat !

Je prends les filles et nous voila partis au beau milieu de plantations de palmiers à huile. Au Guatemala nous avons eu la surprise de rouler au coeur de palmiers dont nous voyions la cime là il s’agit de palmier de 6 mètres de haut, nous nous sentons bien petits. Nous pouvons entendre les coups de machettes fixées au bout d’un long manche donnés dans les branches pour décrocher les grappes de fruits rouges gorgés d’huile. Une fois à terre elle sont laissées sur place puis un boeuf et sa charrette passent pour effectuer la récolte. Les femmes, elles sont accroupies pour ramasser les grains du fruits qui sont au sol. La plantations s’étend sur près de 60 km. Des villages ont été construits à différents endroits autour d’arrêts de bus et de stades de foot. Les fincas qui jusqu’à présent portaient des noms chargés de romantisme (finca bellavista, finca ixobel, etc.) ont laissé leur place à un formalisme beaucoup plus industriel : Finca 1, Finca 2…

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Avant, la forêt primaire. Maintenant de l’huile à bas coût.

Nous avons l’avantage d’avoir une route totalement lisse et peu fréquentée, d’autant plus que nous sommes dimanche (notre jour préféré pour rouler).

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Pas de place à la fantaisie, orthogonalité et géométrie parfaite dans les plantations de palmiers à huile.

Nous arrivons à Sierpe vers 13h. Faisons le tour de la ville pour trouver un endroit où dormir et passons une partie de l’après-midi à nous reposer au frais dans la chambre de l’hôtel. La nuit a été courte.

Pas de vélo mais du bateau

Le lendemain nous passons une journée en bateau. Nous visitons la mangrove et nous rendons sur l’île de Caño. Liv et Tess adorent la vitesse du bateau. « T’imagine si on allait aussi vite en vélo? » me glisse Tess quand le pilote met les gaz. Nous admirons un couple de perroquets rouges en haut de leur arbre. Une fois en mer nos yeux sont rivés sur l’horizons pour tenter d’apercevoir quelque chose…

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Le pilote ralenti et fait demi-tour, il a aperçu une tortue. Nous lui tournons autour. Liv dit : « Oh, non ! Elle a du plastique. » En effet, la pauvre bête a un sac en plastique autour d’une de ses pattes. Nous remettons les gaz. Les filles sensibilisées aux dégâts de la pollution plastique ramassent depuis le début du voyage les déchets sur les plages. Nous saluons fièrement cet effort même si nous savons malheureusement qu’ils seront bien vite à nouveau dans l’océan ou sur le bord des routes. Le pilote ralenti à nouveau et nous nous retrouvons nez à nez avec deux dauphins. Ils sortent trois fois devant nous puis replongent dans l’eau. Maintenant les yeux de Liv et Tess sont totalement ouverts. Elles voient les poissons volant qui sortent de l’eau et volent en rase motte sur des dizaines de mètres. C’est un vrai bonheur de les voir si attentives à ces découvertes.

Nous arrivons près de l’île.  L’eau y est si claire que nous pouvons voir les poissons du bateau. Lilian fait une première plongée pendant que je raconte une histoire de dauphin aux filles tout en gardant nos yeux vers le fond de l’eau. Je plonge à mon tour et Tess en profite pour sauter à l’eau avec Lilian. Les poissons sont bien au rendez-vous, c’est un beau moment de détente mais le plus beau moment reste à venir.

Nous sommes déposés sur la plage de l’île (déserte) et découvrons une retenue d’eau douce qui se jète dans la mer. Nous passons un bon moment à faire des barrages avec des cailloux et des feuilles. C’est certainement le moment le plus agréable de notre journée. Nous n’avons pas besoin de grand chose pour être heureux. Un peu d’eau et être tous les 4. Comme ils disent ici : Pura Vida!

22 mars 2016

Les nouvelles ne sont pas bonnes, la belgique a été victime d’attentats terroristes. Nous n’avons pas la tête à pédaler, nous sommes attristés.

Nous partons sans réel objectif pour la journée. Golfito est une option avec un endroit sympa pour camper. Les locaux avec qui j’ai échangé la veille m’ont déconseillé d’y aller car ça monte très fort… Sinon nous pourrons trouver un endroit dans une ville sur la route, nous verrons bien.

Après un petit déjeuner pinto, oeufs et toasts nous voila repartis sur la même route qu’à l’aller à travers les plantations de palmiers. Nous avons l’impression d’avoir des ailes, nous avançons presque sans effort. Puis, quand nous rejoignons la Panamerican, nous retrouvons une route faite de rapiècements en tous genres. Ce n’est plus lisse du tout. Nous ne pouvons pas laisser filer en descente.

Surpris au Mexique de voir les hommes soulever leur t-shirt pour aérer leur ventre, nous comprenons maintenant que c’est le meilleur moyen de faire descendre la température corporelle. C’est donc ce que nous faisons maintenant pour tenter de perdre quelques degrés.

Nous alternons toujours la carriole tous les 20 km. Au premier changement de carriole nous nous tartinons de crème solaire et faisons le plein de nos gourdes. Nous avons chacun 1,5l à portée de mains, les 8 autres litres sont dans la carriole et dans nos sacoches. Les filles ont elles aussi leur gourde qu’elles utilisent pour boire mais aussi pour se mouiller. Elles sont à l’ombre d’un lange que nous mouillons le matin en partant. Une voiture arrête à notre hauteur, il s’agit de Béatrice et Laurent qui remontent vers San Jose. Quelle coïncidence ! Contents de les recroiser nous racontons nos dernières journées et leur souhaitons une bonne route.

Nous nous arrêtons à la première station service pour une pause carburant (jus et gâteaux) à l’ombre : ce qui n’est pas du luxe. La route continue à travers une végétation très dense jusqu’à Rio Claro. Nous pourrions y rester ce soir mais il n’y a que peu d’intérêt et il est encore tôt (seulement midi). Si nous tirons encore quelques kilomètres nous aurons un endroit sympa pour passer la nuit et peut-être une journée de repos demain. Oui il y a du dénivelé mais nous pouvons le faire. No pain, No gain.

Nous prenons un pique-nique à l’ombre d’un supermarché. Une dame offre des gateaux et des yahourts à boire pour les filles. Nous devons faire un peu pitié à manger par terre.

vélo au costa rica
Déjeuner sur le parking du supermaché !
Nous profitons de la pause pour célébrer le passage officiel des 2000km !
Nous profitons de la pause pour célébrer le passage officiel des 2000km !

Il reste exactement 17km pour arriver à Puruja Lodge. Il y a une belle montée et ensuite c’est de la descente et du plat. Lilian finit son tour et je prends les filles à 14km de l’arrivée. La route est en travaux et un camion vient de répandre de l’eau devant nous : Merci !! Un peu de fraicheur ! La circulation est alternée, nous attendons que notre tour vienne pour passer. Nous trouvons refuge à l’ombre d’un arbre puis nous décidons de nous lancer sur la voie fermée à la circulation. 1. Nous sommes en pleine semaine sainte, personne de travaille nous devrions être tranquille. 2. Nous n’arriverons jamais en haut avant que le traffic ne soit rétablit dans l’autre sens donc autant partir avant. Nous avons bien raison, la route est totalement à nous. Après 3 km de plat la côte arrive et c’est pas du gâteau. Nous prenons notre temps. Je m’arrête à 3 reprises sur les parties les plus plates pour boire un coup. Puis enfin le sommet arrive et la route nous offre une belle descente.

Nous traversons un nouveau nuage de fumée d’un feu de nettoyage qui nous sèche un peu plus la gorge, mais nous y sommes presque. Je finis par déclarer forfait à la première petite côte et Lilian prend le relai en tant que pilote pour les 3 km restant. Nous arrivons au Puruja Lodge. En voyant les filles, la propriétaire des lieux nous proposent une petite cabine avec deux lits superposés pour le même prix que le camping. Les filles rafolent de lits superposés : la journée se finit bien !

Nous nous jetons dans la piscine partiellement remplie car cette année il fait tellement chaud que la source naturelle ne permet pas d’atteindre le niveau optimum d’eau dans le grand bassin. Ah ! nous ne rêvons pas, il fait bien très très chaud !

Nous profitons du lieu le lendemain pour nous reposer (un peu), passer du temps ensemble et surtout pour planifier la suite.

Jeudi 24 mars 2016

Le soleil se lève plus tôt maintenant, à 5h10 il fait grand jour. Nous avons préparé nos vélos, ils sont complètement chargés le soir même, nous n’aurons plus qu’à monter dessus le matin pour partir. Nous avons préparé notre avoine, chocolat en poudre et cacahouète et n’aurons plus qu’à mettre de l’eau avant de nous régaler. Tout est prêt pour un décollage aux aurores.

4:45 : le réveil sonne, debout!! Non il fait encore trop nuit… 5h le réveil sonne. Oh non, il fait encore nuit attendons encore quelques minutes. Résultat, il est 6h lorsque nous reprenons la route, il fait encore très frais et la luminosité est parfaite pour faire quelques clichés.

La matinée est sans grand intérêt, la route monte progressivement puis redescend, nous prenons un petit déjeuner à Cuidad Nelly à 8h, la ville est encore endormie. Nous atteignons Paso Canoas la ville-frontière à 10h et nous arrêtons dans le premier hôtel qui se vante d’avoir une piscine. Cette ville n’existe que parce qu’elle marque la frontière. Tout n’est que béton, poussière et chaleur.

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Paso Canoas – Ville frontière

Après un mois jour pour jour au Costa Rica, demain nous passerons au Panama !

6 commentaires

  • Toujours chouette de vous lire. Mention Spéciale pour le pique-nique sur le parking, qui me rappelle des décisions du même type : non y’a pas le petit banc et la vue panoramique mais c’est propre, safe, à l’ombre et le yop est encore frais… no brainer! bises
    PS Laura nous dit je veux faire le tour du monde, moi aussi, comme Mouk et « les 2 filles »

  • c’est toujours avec un immense bonheur que je retrouve vos écrits et les photos !!!
    merci merci de tout cœur de nous faire partager tout cela !!!
    encore bravo et félicitations pour ce que vous faites !!!
    A très vite , on vous embrasse très très fort
    on vous aime

  • Il est vraiment super cet article, votre niveau rythme à l’air de bien vous aller !

    Vous décrivez très bien comment l’odorat et l’ouïe sont mis à contribution à vélo, bien plus que les moyens de transport motorisés.

    En tout cas cela fait bien écho à ce qu’on a ressenti en arrivant à Lima où des nouvelles odeurs nous ont assailli dès la sortie de l’avion.

    Bonne continuation.

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