La pluie nous a finalement forcé à l’arrêt pendant 4 jours. Par chance nous les avons passé à la Finca Ixobel où nous avons pu planter la tente sous abris.

Nous avons mis à profit ces journées pluvieuses pour écrire, traiter nos photos, écouter de la musique (cela fait tellement de bien !), faire des activités scolaires, lire et étudier les cartes.

Une éclaircie étant annoncée pour le 8 février, nous décidons après mûres réflexions, que nous iront d’une traite jusqu’au lieu dit « las Conchas« . C’est le seul endroit où nous avons repéré un lieu de camping possible : l’Oasis Chiyu. Cette étape est longue, 96 km, mais évaluons que c’est probablement la meilleure option qui s’offre à nous. Il nous tarde de nous remettre en selle !

Le 8 février nous partons donc tôt afin d’avoir de la marge pour atteindre notre point d’étape. A 8h nous quittons Finca Ixobel par la piste devenue boueuse et qui nous ramène sur la route.

Mise en jambe
Mise en jambe

Les soixante premiers kilomètres passent vite, mise à part une côte longue et raide qui nous attend, peu après que nous ayons pris la route. Nous sommes sur l’autoroute qui relie le nord à la côte Caribéenne puis à la capitale. Rapidement nous arrivons à Modesto Mendez.

On ne peut pas vraiment parler de ville ni même de hameau. Ce lieu à probablement gagné le droit d’être nommé uniquement car il est le point de convergence de 2 frontières. La rivière marque en effet la limite entre la région du Péten au nord et d’Izabal au Sud. A l’Est du pont, la rivière devient la traditionnel ligne de démarcation entre les pays, d’un côté le Guatemala, de l’autre le Belize.

Nous passons donc rapidement ce carrefour et bifurquons plein Ouest sur une route qui doit nous emmener vers Cobán afin d’éviter Guatemala City. Nous ne le savons pas encore mais ce changement de cap est un vrai tournant dans notre traversée du Guatemala.

Vers un autre Guatemala

Nous nous élançons sans même nous en rendre compte sur une route parfaite. Voie large, marquage au sol de qualité, bande d’arrêt d’urgence, asphalte parfaitement lisse. Nous sommes trop absorbés par les premiers kilomètres de cette dernière section, qui en fait une trentaine, à observer le paysage qui nous entoure.

Nous embarquons sur la Franja Transversal Norte
Nous embarquons sur la Franja Transversal Norte

A notre gauche, la route longe une muraille de butes qui montent presque à la verticale. A droite de belles prairies s’étendent au loin et offrent aux vaches un magnifique pâturage. Le traffic est quasi inexistant alors nous en profitons pour admirer.

Nous gardons comme image ces flancs de collines dont on ne peut distinguer la forme géologique tant la végétation est présente. Le règne végétal est tellement présent qu’il est même impossible de reconnaitre un arbre en particulier, tout pousse partout. Chaque branche est rapidement peuplée par une nouvelle plante. La canopé est intégralement recouverte d’un treillis de lianes. Si la jungle de Tikal nous semblait dense celle-ci nous paraît impénétrable.

Plus nous roulons sur cette route plus nous remarquons que nous sommes entrés sans le savoir dans un autre Guatemala. Il y a de la vie mais plus vraiment de village. Nous croisons de nombreuses fermes, parfois une Tienda (petite épicerie). Plus loin, un glissement de terrain tout récent nous rappelle que ce genre de chose est monnaie courante ici.

Glissement de terrain après les pluies de ces 4 derniers jours
Glissement de terrain après les pluies de ces 4 derniers jours

Alors que le terrain avait été plutôt plat depuis Modesto Mendez, de premières ondulation apparaissent et nous arrivons enfin à « Las Conchas », fatigués de cette longue journée. La carte nous indique qu’il faut encore rouler 3km pour arriver à notre point d’étape. Ce qu’elle ne dit pas c’est qu’il n’y a pas de route… mais un chemin à peine carrossable et très raide. Nous finissons cette journée dans la douleur et plantons enfin la tente chez Felippe, un américain installé ici depuis 12 ans avec sa femme et sa fille.

Après une bonne nuit, nous repartons avec pour objectif la ville de Fray Bartolomé de las Casas, 58km plus loin.

Avant de partir Felippe nous apprend que la route sur laquelle nous roulons a été construite seulement 2 ans plus tôt et qu’avant il n’y avait qu’un chemin. Personne ne l’emprunte vraiment pour le moment et les touristes commencent à peine à oser venir par ici. La journée de roulage qui suit nous permet d’en prendre pleinement conscience.

A la découverte des villages Maya

Pendant près de 60km nous traversons de nombreux villages Maya. Ceux-ci sont toujours organisés de la même manière. Quelques cabanes et une tienda constitue l’essentiel du village. Difficile de dire combien de personnes y vivent mais probablement pas plus que quelques dizaines.

Les cabanes sont faites de larges planches de bois fixées à l’horizontal et d’un toit en feuille de palme. Certain ont peint les murs extérieurs mais la plupart des cabanes sont en bois brut, seulement teinté d’un dégradé qui va du brun au rouge à mesure qu’on se rapproche du sol.

Les tiendas elles sont généralement aux couleurs de Coca-Cola ou Pepsi et sont également le point de contact pour identifier le chef de la communauté. Bien souvent c’est le seul qui parle espagnol, les autres parlent maya.

Les villages sont très beaux et étonnamment propres comparés à ce que nous voyons depuis Flores.

Lorsque nous traversons, les villageois sortent en courant de leur maison et nous sommes intrigués par les regards qu’ils nous portent. Alors que nous les saluons dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas (l’espagnol), leurs réactions sont très variées. Certains nous saluent en retour, mais la plupart nous regardent sans vraiment comprendre quel est cet étrange train qui passe devant eux. « Gringo »  est le seul mot que nous entendons souvent fuser derrière nous lorsque nous quittons les villages.

Qui sommes-nous à leurs yeux ? Des voyageurs ? Que peut bien signifier le mot voyage pour ces populations qui étaient encore complètement isolées 2 ans auparavant et dont la notion de loisir doit être bien différente de la notre.

Nous ne prendrons aucune photo tant cela nous semble déplacé. Nous sommes les bêtes curieuses. Nous ne pouvons qu’essayer de retranscrire par les mots toutes ces images qui se sont inscrites dans nos mémoires.

L’huile de palme

A mi-parcours de cette journée nous remarquons de plus en plus de champs de palmier. Nous sommes en effet dans une zone de plaines. Celles-ci sont recouvertes de palmiers utilisés pour la production d’huile de palme. D’après nos informations, ces plantations sont apparues juste avant que la route soit construite. Certainement une coïncidence. La veille, Felippe nous a raconté comment il a vu le comportement de la rivière qui passe dans son terrain changer depuis l’arrivée de ces plantations : lorsqu’il pleut le niveau de l’eau monte très vite et très haute. Il redescend aussi vite qu’il est monté.

Parfois le palmier laisse place au maïs ou au bétail.

Le palmier, roi de la plaine
Le palmier, roi de la plaine

Un peu avant d’arriver à Fray, l’asphalte s’interrompt brusquement. Un pont est en construction, personne ne sait pour combien de temps… A la vue du panneau « Fin de Asfalto » nous espérons seulement que que bitume va réapparaitre rapidement sous nos roues.

Le genre de panneau que nous redoutons
Le genre de panneau que nous redoutons

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En milieu d’après-midi nous rentrons dans Fray, à la recherche d’un hôtel pour la nuit. On imagine bien la ville avant l’arrivée de la route. Genre comptoir de commerce dans le far west. Tout le monde se retourne sur notre passage, montre du doigt, rigole. Les touristes ne courent pas les rue par ici.

Nous trouverons finalement un hôtel, minable. Après un tour à l’épicerie pour refaire le plein de vivres nous rentrons cuisiner dans le jardin de l’hôtel et nous enfermons sous nos moustiquaire scotchées au plafond.

Prendre cette route à probablement été notre meilleure décision depuis le début du voyage. Les paysages sont magnifiques et nos découvertes incroyables, certes au prix de fatigue physique et psychologie mais cela en vaut vraiment la peine.

Demain nous reprendrons la route en direction de Chisec, prochaine étape avant Cobán.

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Encore merci à tous pour vos encouragements et vos messages !

19 commentaires

  • Toujours passionnant de vous lire car c’est une vraie aventure !!! Je ne comprends pas très bien votre option en ayant pris plein ouest en passant par Chisec pour aller à Coban ? Ce n’est que plus intéressant car vous êtes au coeur de la région maya et ce que vous visitez semble vraiment unique…. mais quelle performance ! Après Coban bon courage pour le franchissement de la Sierra de las Minas dernier rempart avant la plaine côtière.
    En tous cas, nous vous suivons avec une passion sans cesse alimentée par votre merveilleux journal. Bises à vous quatre; <<<<< JL/CA

    • Bonjour Jean-Luc,
      Nous avons choisit de passer par Chisec pour éviter la route qui passe sous le lac qui est très chargée. Et en effet, que de belles surprises !
      Merci à vous les amis !
      Bises

  • J’imagine très bien les situations dans lesquelles vous vous trouvez. Ce sont des souvenirs proches et lointains. Bravo pour votre ténacité, votre enthousiasme, votre audace et vos performances physiques et morales.
    Bravo aussi pour ces comptes rendus si agréables à lire.
    Je vous embrasse tous les 4.
    Jean-Pierre

    • Bonjour Jean-Pierre,
      Contents que tu nous suive de près.
      Merci pour tes encouragements… en attendant la suite des aventures nous t’embrassons.

  • Coucou !
    Julie et Pauline voulaient faire un petit coucou à leurs copines Liv et Tess !
    Je cite les filles :
    « Bonjour Liv et Tess ! vous nous manquez ! vous êtes nos meilleures copines ! bisous! … Bon … on peut leur parler maintenant ? »

    Nous revenons de nos vacances au ski ou la neige était abondante.
    Bon courage pour la suite !

    • Coucou,
      Merci les filles pour ce message que nous avons reçu il y a quelques jours mais auquel nous n’avons pas été en mesure de répondre tout de suite.
      Voici les mots des filles : « On pense à vous, on vous aime trop ! »
      Tess dit souvent : « Et bien Pauline c’est ma copine !!! »
      Contents que vous aillez profité de la neige, nous avons tellement chaud.
      A très vite !

  • Chacha, ta selle et toi, ça se passe bien ?!
    Vous êtes mes héros ! C’est trop beau ca doit être trop dur et vous dormez sous une moustiquaire scotchée aux murs ! Bravo
    Allez continuez à nous faire partager vos aventures, moi je te retourne à ta deuxième passion Chacha, la lessive et le repassage !
    Gros bisous

    • Salut Jess,
      Et bien nous nous entendons très bien avec ma nouvelle selle, c’est top !
      Tu devrais essayer les lessives à la main, ça a beaucoup de charme ;-)
      Bisous !

  • Bravo vous vivez des moments extraordinaires, on attend toujours avec impatience la suite de vos aventures ;) grosses bises et surtout ne changez rien vous êtes au top !jerome Cécile et Antoine

  • Tess, tu en as partout !!! (et ça te va bien :) )
    Génial le puzzle, jeu universel :)
    Continuez à vous (et nous) émerveiller, on pense tous fort à vous. Allez Papa, allez Maman !!! J’espère que les filles chantent à fond dans les côtes en plus de pousser les fesses de Charlotte^^

    Gros gros bisous de Limoges

  • J’adore la photo  » sous la pluie mais heureux », on le voit bien!!!
    Je comprends l’état du pont….
    bonne journée à Coban!!
    Vous êtes formidables!

  • Salut les cocos
    On est ravi de ces nouvelles et que de beaux paysages. Vous assurez comme des bettes avec tous ces kms par jour. C’est bien au delà de vos prévisions félicitations.
    Vous avez un gros bisous de Jeanine et Guy qui sont en WE chez nous.
    A bientôt de vous lire

    • Merci Patrick
      En effet nous avalons pas mal de km par moment. Si on fait une moyenne avec les jours de repos on est dans nos prévisions :-)
      En rentrant on se fait le Ventoux ensemble!!!!
      Nous vous embrassons et encore merci pour les encouragements

Répondre à Jean-Luc et Claude Annuler la réponse.

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