En juin 2018 lors de mon tour de France à vélo, je croise l’avenue verte, un itinéraire cycliste qui relie Londres et Paris. Je repense alors à notre plus grosse microaventure de l’année 2015 réalisée avec Victor et Philippe et je sonde ma communauté Instagram sur l’envie de refaire un Paris-Londres en 24h en groupe… La magie des réseaux sociaux opèrent et je reçois de nombreux encouragements.
Avance rapide.
18 mai 2019, 10h50, pyramide du Louvre.
Nous sommes quelques cyclistes arrêtés à un feu rouge de la rue de Rivoli. Lorsqu’il passe au vert, nous tournons pour passer sous les arches du Louvre et rapidement j’identifie au milieu des touristes, des vélos, des casques et des gens bien trop colorés pour rendre visite à la Joconde.
Partis quelques minutes avant de la porte dorée nous venons de retrouver le reste du groupe. Nous faisons connaissance et les quelques accompagnateurs présents font d’ultimes photos avant le grand départ. Nous échangeons depuis plusieurs semaine sur whatsapp et mettons enfin des visages sur des noms.
Le groupe de 15 cyclistes que nous formons est très hétérogène. Pour certains, les 300km dans lesquels nous nous apprêtons à nous lancer ne sont qu’une « longue ballade » de plus, pour d’autre c’est un vrai challenge voir même une revanche sur la vie.
11h00, nous montons en selle au son des « clacs » des pédales automatiques et filons en direction de l’opéra. Le peloton se faufile dans les rues pour s’extraire de Paris. L’entrée ou la sortie d’une ville à vélo sont toujours des étapes délicates mais tout se passe très bien.
Arrivés en banlieue nous retrouvons ma femme Charlotte et Pascal un ami. A eux deux ils forment notre assistance pour les 24h de route qui nous attendent. Au volant du camion, ils nous retrouveront à mi-chemin pour recharger nos bidons d’eau. Il se trouve qu’ils feront bien plus que cela et nous seront d’une grande aide !
Nous atteignons assez rapidement la forêt de Montmorency et l’arrivée dans le sous bois marque la fin de notre parcours urbain. Enfin le calme de la forêt nous enveloppe et nous pouvons commencer à discuter tout en roulant, faisons un peu plus connaissance. Le peloton s’étire un peu et je ne vois plus Antoine et Nicolas. Je laisse filer le groupe et m’arrête les attendre. Lorsqu’ils me rejoignent, Nicolas est fatigué. C’est un personnage hors norme. Porteur d’un handicap il relève depuis plusieurs années des challenges sportifs et, sans être cycliste, il a choisi de tenter celui-ci, chapeau ! Nous demandons à Charlotte et Pascal de venir le récupérer et l’avancer de quelques kilomètres. Avec Antoine nous repartons, un peu trop vite. Inconsciemment nous voulons « rattraper » le groupe, sauf qu’ils ont bien 20 minutes d’avance sur nous.
Nous remontons petit à petit à travers le Vexin et retrouvons (un autre) Nicolas qui nous attends à une terrasse de village. Nous atteignons Saint Germer de Fly avec tout de même 45 minutes d’avance sur le timing. Charlotte, Pascal et le camion nous y attendent. Nous sommes surpris d’apprendre qu’une partie du groupe n’est pas arrivée… Une chute, heureusement sans gravité, a obligé quelques cyclistes à passer par la case pharmacie. Après avoir dévalisé à de multiples reprises la boulangerie nous reprenons la route avec pour objectif Forges les Eaux, début de la piste cyclable qui mène à Dieppe. L’ambiance est excellente, les groupes se mélangent, s’étalent pour mieux se rattraper.
Arrivés à Forges les Eaux nous croisons à nouveau l’équipe d’assistance pour un dernier remplissage des bidons et c’est parti pour 50 km de voie verte sur un ancien chemin de fer. Alors que cette portion est censée être confortable, une avalanche de crevaisons s’abat sur nous ! A mi-chemin de ce parcours Charlotte ausculte les pneus des vélos et découvre un nombre impressionnant de petits bouts de silex blancs enfoncés dans la gomme. Le coupable est identifié !
Malgré ces avaries techniques, nous arrivons à Dieppe aux alentours de 21h45 pour un départ du Ferry à 23h59. Juste le temps de partager un bon repas !
Les estomacs pleins nous gagnons l’embarquement du Ferry.
Nous cherchons rapidement les meilleures places pour profiter de quelques heures de sommeil.
19 mai 2019, 4h00, Newhaven (UK)
Sur le pont « garage » du ferry, nous faisons vraiment tout petit à coté des semi-remorques qui s’apprêtent, comme nous, à débarquer. La bonne humeur est toujours au rendez-vous. Chacun procède à un rapide contrôle de l’état de ses muscles et s’étonne que, malgré les 184 premiers kilomètres et le peu de sommeil que nous avons eu, « ça va ». Passage de douane un peu laborieux à cause d’un soucis informatique et le groupe se reforme à la sortie du port avec 40 minutes de retard.
Nous passons en mode « nuit » : les gilets jaunes sont de sortie et les vélos se transforment en guirlande de noël. Pascal nous salue car il doit se rendre à l’aéroport de Gatwick pour rentrer en France. Charlotte restera en soutien avec le camion accompagné de Kerim qui a dû abandonner un peu avant la fin de la première partie à cause d’une vieille tendinite qui a refait surface.
Les 14 premiers kilomètres sont d’une incroyable fluidité. La nuit est douce, il ne pleut pas. Nous roulons à bon rythme sur de jolis courbes et la route est toute à nous. Le peloton forme un magnifique essaim de lucioles blanches et rouges.
A mesure que nous nous enfonçons dans la campagne, les premières ondulations du terrain se dressent devant nous. J’avais ce souvenir du sud de l’Angleterre : des collines jamais très hautes mais avec des pourcentages néanmoins sévères ! Je crois que tout le monde avait bien anticipé que la section Anglaise ne devait pas être sous estimée et chacun avance prudemment, permettant au groupe de rester relativement soudé.
A mi-chemin entre Newhaven et Londres nous retrouvons le camion pour un ultime ravitaillement, et alors que nous commençons à cumuler un léger retard sur l’objectif des 24h, la malédiction des crevaisons s’abat à nouveau sur nous ! 2 vélos à plat et un troisième qui a un problème de rayons trop détendu.
J’ai en ligne de mire la M25. Cette autoroute forme une sorte de périphérique autour de Londres mais elle est bien plus éloignée de la ville que son équivalent parisien. Je me souviens qu’en 2015 nous étions déjà HS à ce point de passage et que juste après se trouvait une ascension qui taquine avec les 17%.
Bien qu’en relativement bonne forme, cette ultime difficulté fera mettre pied à terre à plusieurs membres du groupe. Nous décidons alors de mettre un coup d’accélérateur pour ne pas être trop stressés par les correspondance retour des uns et des autres.
A partir de là nous voyons progressivement l’Angleterre s’animer. Le trafic apparaît, nous croisons de plus en plus de cyclistes, la densité d’habitation augmente sans cesse et les premiers bus rouges apparaissent ! Encore un ou deux murs à grimper et nous sommes en ville. Il faut élever le niveau de vigilance pour naviguer dans le trafic Londonien.
A 11H40 nous franchissons la Tamise qui matérialise la ligne d’arrivée de cette super microaventure, et posons pied à terre sous Big Ben… en travaux !
Il ne restera « plus qu’à » repartir en camion dans l’autre sens avec tout les vélos pour les restituer à leur propriétaires à Paris. #fatigueextreme
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Envie de tenter l’aventure ? Voici les traces GPS du parcours !
La compagnie de Ferry qui assure la liaison Dieppe-Newhaven est DFDS.
Je remercie Crosscall, Giant et Olympic Location pour nous avoir soutenu dans cette aventure !