Comment assurer sa sécurité en voyage à vélo, quelle qu’en soit la durée

Cet article est une traduction du post de Tom Allen « How To Stay Safe & Secure On A Cycle Tour Of Any Length » (http://tomsbiketrip.com/how-to-stay-safe-secure-on-a-cycle-tour-of-any-length/). Consultez son site http://tomsbiketrip.com (en anglais) pour d’autres excellents articles.

La sécurité est une des principales préoccupations de ceux qui décident un jour de voyager à vélo, en particulier sur de longues distances qui les amèneraient à traverser des zones terrifiantes.

C’est également (souvent) une préoccupation encore plus importante pour vos amis et votre famille.

Il est donc doublement utile de comprendre la réalité de ce qui a trait à la sécurité lorsqu’on parle de voyage à vélo. On a tous envie que nos mères dorment tranquillement la nuit, n’est-ce pas ?

L’instinct est votre ami

Premièrement, sachez que l’intuition va jouer un rôle essentiel pour vous prémunir des tracas liés au voyage.

Nous avons évolués pour survivre – et c’est bien pour cela que vous êtes toujours là – et certaines choses sont bien mieux gérées par notre inconscient plutôt que par la partie rationnelle de notre esprit. Vous allez parfois vous retrouver dans des situations et simplement avoir l’intuition que quelque chose ne tourne pas rond, et à d’autres moments vous saurez exactement quoi faire et comment réagir mais sans vraiment savoir pourquoi. Avec le temps et l’expérience vous apprendrez que votre intuition est généralement bonne.

Mais ne confondez pas intuition et peur.

Il est naturel d’avoir peur de l’inconnu, des nouvelles situations, et en tant que nouveau voyageur vous allez en rencontrer beaucoup sur votre chemin. La peur est une réponse émotionnelle à un danger, réel ou imaginé, elle met de côté notre rationalité et nous conduit à la fuite. L’intuition par ailleurs, est positive et vous concentre sur le ressenti de ce que vous devriez faire de manière proactive.

La vie moderne impose des structures sur notre expérience, qui ne nous conduisent pas à cultiver l’intuition avec laquelle nous sommes tous venus au monde, mais à mesure que vous gagnez en expérience d’une forme plus libre et non prévisible de la vie sur la route, vous appréhenderez de mieux en mieux votre intuition. La confiance en votre capacité à gérer des situations problématiques peut même empêcher ces dernières d’arriver; en apparaissant comme vulnérable vous êtes plus susceptible d’être considéré comme tel.

Le bon sens également, est essentiel pour assurer votre sécurité et celle de vos affaires.

Ne prenez pas de risque inutile avec vos affaires de valeur. Définissez une routine pour différents scénarios de manière à éviter les ennuis. Pour beaucoup de cyclistes, il s’agit de choses aussi simples que

• leurs affaires de valeurs sont placées dans leur sacoche de guidon celles-ci ne sortent jamais de leur champ de vision pendant les déplacements,
• ils ont une copie des documents importants dans un autre emplacement physique, et
• ils ne laissent jamais leur vélo non surveillé en public sans avoir décidé au préalable qui en est responsable, que ce soit son partenaire, le gérant du café ou un groupe de personnes de confiance.

La sécurité avec les personnes

J’ai pédalé à travers plus de 40 pays durant les 8 dernières années et je n’ai jamais eu à faire à une agression de la part d’un autre être humain.

Ceci ne signifie pas que j’ai eu de la chance. J’ai rencontré de nombreux autres voyageurs à vélo bien plus expérimentés que moi et c’est toujours la même histoire. Vous n’entendrez rien d’autre dans leurs récits que des témoignages d’amitié de d’accueils chaleureux. Evidemment, il y a occasionnellement des petits désagréments mais comme il y en aurait si vous restiez chez vous, en particulier dans les grandes villes.

L’idée de l’étranger comme cible est une image biaisée formée par les médias.

Si vous voyagez dans des régions sensibles, avec un programme politique chaud et escorté par des 4×4 et des gardes du corps, alors oui vous serez bien conscient des dangers et vous risquez de faire la une des journaux si quelque chose tourne mal.

Mais ceci ne décrit pas vraiment les cyclotouristes que j’ai rencontrés. Vous ne faites pas de politique. Vous n’êtes pas entourés par des armoires à glace portant Ray-Bans, oreillettes et armes à feu. Votre itinéraire ne passe pas par des zones sensibles et vous ne trainer probablement pas dans des hôtels 5 étoiles de la classe affaires. Il est d’ailleurs très probable que vous ne puissiez pas avoir les autorisations nécessaires pour passer les contrôles nécessaires pour entrer dans ces zones à risque. Ce sont les raisons pour lesquelles vous avez très peu de chance de faire la une des journaux (quelle qu’en soit la raison).

A la place de cela, vous allez passer la plus grande partie de votre temps à pédaler dans une infinité de paisibles contrées où il ne se passe jamais rien. Lorsque vous allez apparaitre au milieu de la foule, ce sera en général au sein de petites communautés et vous allez attirer l’attention et la curiosité. Il sera de toute façon largement préférable d’avoir les locaux de votre côté. Une petite armée de nouveaux amis n’est elle pas la meilleure des sécurités ? Les locaux préfèreront aussi cela plutôt qu’avoir un étranger hostile parmi eux.

Cultiver l’habitude de vous faire des amis, sans réserve ni hésitation, et le monde ne conspirera que pour vous venir en aide.

A force de le faire, cela deviendra un automatisme. Vous attendrirez les foules uniquement par vos sourires. Vous finirez par vous demander pourquoi d’autres touristes étrangers ont l’air si suspects et distants. Vous vous demanderez pourquoi vous trainez encore ce lourd antivol alors qu’il est tellement plus confortable de laisser vos affaires à une poignée de personnes partageant le thé que vous venez juste de rencontrer à la sortie d’un café.

Lorsqu’on parle des personnes rencontrées, c’est une attitude amicale, non défensive qui assure votre sécurité sur la route.

La sécurité dans le trafic

Les situations les plus dangereuses auxquelles j’ai eu à faire face à vélo impliquaient des camions passant à quelques centimètres de mon visage sur des voies rapides, sans bas-côté.

Généralement le cyclotourisme est aussi sûr que le cyclisme en général, mais le trafic routier reste la menace principale qui pèse sur votre sécurité.

Il y a de nombreux moyens de réduire le risque lié au trafic environnant.

La première des choses est de vous rendre le plus visible possible en gardant bien en tête que le principal danger vient des véhicules circulant dans le même sens que vous.

Même si vous serez de toute façon visible avec votre lourd chargement, assurez-vous de toujours rouler de manière à ce que les conducteurs vous voient suffisamment tôt. Roulez bien sur le bas-côté, à distance du trafic. Enfin, ayez une conduite défensive si la route est étroite ou sans accotement ainsi que lorsque le trafic est ralenti, tout comme vous le feriez près de chez vous.

Lorsqu’il fait nuit, dans le tunnel ou que la visibilité est réduite, ayez au minimum un feu rouge clignotant à l’arrière du vélo ainsi que des bandes réfléchissantes sur les sacoches, pneus et vêtements. Un gilet jaune de sécurité est également une bonne idée. Servez-vous de vos oreilles et n’utilisez pas d’écouteurs !

Le casque est quelque chose parfois inconfortable et inesthétique mais il est plus qu’important d’en porter un pour les situations où le trafic est dense et dans les descentes où vous roulez vite.

Tout aussi utile que le casque, le rétroviseur vous permettra de voir ce qui arrive derrière vous sans avoir à tourner sans cesse la tête. Ils peuvent être attachés au guidon, au casque et même aux lunettes de soleil pour certains. Assurez-vous de pouvoir le changer de côté au cas ou vous auriez à rouler dans des pays avec des sens de circulation différents.

Sécurité dans les villes

Dès lors que vous atteignez les grandes agglomérations, ce n’est plus la même chose.

Soudain, vous êtes un parmi tant d’autres, et tous ces passants ont bien trop à faire pour vous remarquer. Fini le sentiment d’amitié et la confiance quasi-instantanée induite auprès des étrangers, et vous allez devoir être vigilant à vos affaires, en particulier dans les lieux touristiques.

Une bonne astuce dans les villes est de trouver un café, d’y boire quelque chose, et de sympathiser avec le propriétaire afin de lui laisser votre vélo le temps de votre absence. En cas de doute, demander à la police ou à des agents de sécurité où laisser votre vélo en sécurité.

Généralement, les villes sont les lieux où vous devez être le plus vigilant à vos affaires. Par chance, vous éviterez généralement les arrêts en ville, sauf pour y passer la nuit, auquel cas vous devriez disposer d’un lieu où déposer vos affaires.

La sécurité de votre vélo dans les lieux publics

La plupart d’entre nous ont l’habitude de laisser leur vélo dans les lieux publics simplement attaché avec un antivol. Il semble donc évident d’en avoir un pendant son voyage à vélo et de compter dessus pour assurer la sécurité de votre vélo lorsque vous souhaiter vous en éloigner pour passer la soirée en ville.

Cependant, il y a une différence majeure

Sur un vélo de voyage sont généralement attachées des sacoches. Pour ces dernières il n’existe pas d’antivol en mesure de vous protéger contre leur ouverture ou leur vol.

De fait, vous aller toujours avoir besoin de retirer vos sacoches et de trouver un endroit sûr où les laisser pour la nuit. Dans ce cas, autant placer dans ce même endroit votre vélo, l’antivol devenant alors inutile. (La plupart des cyclotouristes insistent généralement pour prendre leur vélo dans leur chambre d’hôtel ou, à minima, dans l’hôtel.)

L’antivol peut être utile si, une fois votre vélo déchargé, vous souhaitez aller faire un tour en ville avec celui-ci ou s’il est impossible d’emmener le vélo dans votre chambre. Mais généralement les cyclotouristes considéreront le lourd « U » comme superflu. Vous n’êtes pas à Londres ou New-York et un simple antivol à câble devrait suffire.

Si vous êtes sujet à la paranoïa, voici quelques astuces pour ennuyer les potentiels voleurs quand vous devez laisser votre vélo seul quelques minutes :

• positionnez le grand plateau et le petit pignon,
• faite dérailler la chaine à l’avant,
• maintenez les manettes de freins enclenchées à l’aide d’un élastique à cheveux
• « ouvrez » vos freins (pensez à les refermer avant de partir !)

Sécurité et camping sauvage

Une autre question fréquemment posée est celle de la sécurité lié au camping.

Si vous avez choisi avec attention votre site de bivouac et êtes confiant que personne ne vous trouvera, il en va de même pour votre vélo et matériel. Si personne ne vous trouve, personne ne trouvera vos affaires.

L’intuition est quelque chose qui compte beaucoup une fois encore :  il y aura des nuits où vous serez pleinement rassuré à l’idée de laisser votre vélo sans antivol et en prenant simplement vos affaires de valeur dans la tente, mais parfois vous prendrez l’intégralité de vos sacoches et accrocherez solidement votre vélo à un poteau, un arbre etc.

L’expérience sera d’une grande aide et votre disposition naturelle vis à vis de cette pratique vous guideront. Cependant, le facteur essentiel sur lequel vous avez pleinement le contrôle est le choix du lieu de camping. S’il y a des gens aux alentours et que vous n’avez trouvé qu’un spot moyennement discret, vous devrez être plus prudent que si vous plantez la tente dans la forêt au beau milieu de nul part.

Le choix de la tente peut vous offrir de nouvelle option également concernant la sécurité de vos affaires. Une tente plus spacieuse permet de rentrer tous ses bagages et certaines peuvent même accueillir un vélo. Il y a toutefois d’autres moyens de sécuriser votre vélo ou au moins de vous alerter en cas de tentative de vol comme y attacher un des cordages de la tente ou poser en équilibre votre popote, tasses et assiettes afin de vous réveiller en cas de mouvement.

Au minimum, ayez pour vos affaires de valeur la même approche qu’en journée en les gardant systématiquement près de vous.

Comment mettre en sécurité votre argent

Vous entendrez parfois des histoires de personnes constituant de faux portefeuilles avec des cartes bancaires expirées et des monnaies prises au hasard. Cela revient à peu près à emmener un gilet part-balles dans le cas où vous vous retrouveriez au milieu d’une fusillade. Il existe pleins d’autres solutions plus pratiques pour assurer la sécurité de vos finances sur la route. Passons au travers de quelques unes.

Gardez vos espèces et cartes proches de vous. Certains voyageurs utilisent des ceintures à billets. La sacoche de guidon est généralement le bon endroit pour un cycliste. Gardez là systématiquement avec vous.

Si vous êtes dans votre pays, n’ayez pas plus qu’un jour ou deux en cash ou éventuellement prévoyez de n’utiliser que votre carte bancaire.

Pour un voyage à l’étranger vous allez certainement transporter plus de cash pour limiter les coûts de retrait et de change.

Dans ce cas, une bonne pratique est de ne garder sur soi ou dans votre sacoche de guidon qu’un jour ou deux de cash, et de dissimuler le reste dans les autres sacoches. Plus vous répartirez les espèces en différentes cachettes, plus le risque de perdre beaucoup en cas de vol d’une sacoche est réduit.

Les voyageurs au long cours emmènent généralement un peu de « cash d’urgence », généralement en dollars US qui reste, qu’on le veuille ou non, une monnaie « globale » et lui trouve des cachettes plus originales, le tube de selle étant souvent cité.

Tout cycliste, où qu’il soit et quelque soit la durée de son voyage, devrait pour plus de sérénité, avoir une carte de crédit « d’urgence » au cas ou. Garder dans vos papiers et en version numérique les numéros de téléphones à appeler depuis l’international en cas de perte ou de vol de cette carte.

Quelle est votre problématique principale liée au voyage à vélo ? Comment l’adressez-vous ?

Merci à Tom Allen pour l’autorisation de traduction de son article !