Nord de la Thaïlande à vélo

Nous sommes le 18 juin 2016 il est 11h et nous sommes à St-Ives, Cornwall en Angleterre. Cela fait 30h que nous ne sommes pas sortis de la tente, enfin presque. J’en suis sorti 2 fois, une hier soir pour préparer le repas sous la pluie, et une seconde fois ce matin pour faire cuire le porridge, toujours sous la pluie mais le brouillard en plus. Les filles ont été adorables jusqu’à présent mais il faut qu’on sorte. Habillés, nous nous précipitons vers le café du camping pour se dégourdir les jambes et se réchauffer.

« On ne va pas pouvoir continuer comme ça, nous sommes sous la pluie et dans le froid depuis plus d’un mois… et c’est l’été ! On peut pas rester en Europe pour la fin d’année, cherchons un endroit chaud pour finir ce voyage… »

Quelques minutes plus tard, nous gribouillons une liste de destinations « soleil ». Encore quelques minutes plus tard les billets sont réservés.

27 septembre 2016, nous passons commande de notre premier pad thaï sur le rooftop de notre hôtel à Bangkok, enveloppés dans une chaleur moite dans laquelle les odeurs semblent ne jamais se dissiper mais toujours se mélanger.

La visite de la capitale, ce sera pour plus tard, nous nous échappons au plus vite de la ville par le train de nuit, ou « train à touristes ». Les locaux préfèrent l’avion pour les déplacements dans le pays. Notre guesthouse n’est qu’à 600m à vol d’oiseau de la gare mais trainer notre chargement jusque là bas est déjà une épreuve !

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Notre convoi ne passe pas inaperçu dans la gare et pendant les 7 heures d’attente, les filles vivent pour la première fois en Asie ce moment où éclate votre bulle d’intimité. Toucher de cheveux, prise par les épaules, les bras, selflies pour les uns, photo de groupe pour les autres, le tout accompagné de questions en Thaï dont nous ne comprenons rien. Une belle immersion !

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A vos marques…

Nous passons 3 jours à Chiang Mai pour découvrir cette capitale du Nord et s’acclimater à ce nouveau pays. C’est aussi l’occasion de remonter en selle s’essayer aux montagnes. Direction le temple de Doi Suthep, 1000m de dénivelé sur 10km. Nous montons doucement mais surement vers le sommet, en essayant de trouver un rythme. Exercice difficile car la pente n’est pas régulière. Les chauffeurs de TukTuk qui attendent leur prochaine course nous récompensent de leur applaudissement lorsque nous arrivons au sommet, merci !

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Prêts ?

De retour à la guesthouse nous repassons le film de notre journée avec Charlotte : c’était difficile mais faisable (fait !). Clairement, cette ascension est « à la hauteur » de ce qui nous attends plus au Nord.

Le premier parcours envisagé est une route qui serpente au nord-ouest du pays pendant 500km avec environ 5 à 6 ascensions du calibre de celle-ci. La deuxième option est de dessiner une boucle du côté nord-est, à peu près la même distance mais moitié moins de dénivelé. Dans les deux cas, il faut d’abord s’extraire de la ville et rouler plein Nord pendant une quarantaine de kilomètres, après quoi il faut choisir Est ou Ouest.

La veille de partir la décision de ne pas décider est prise ! Nous partirons au Nord, essayerons la première ascension à l’Ouest et en fonction du résultat, déciderons de continuer ou de bifurquer à l’Est.

Partez !

La sortie de Chiang Mai est comme prévue : ennuyeuse, chargée de voitures, scooters et bus.

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Au kilomètre 30 les choses s’améliorent, la verdure est de plus en plus présente. Nous repérons un petit hôtel au bout de 45km où une jolie cabane en bambou nous tend les bras. Les sacoches déchargées, nous remontons en selle pour aller voir une cascade située à mi-chemin de la première ascension type « Doi Suthep« .

Les panneaux annoncent un fort pourcentage de montée, je tombe toutes les vitesses et attaque avec un rythme lent mais régulier. La jungle est maintenant partout, elle déborde sur la route, nous sommes exactement là où nous voulons être. La pente raidit encore et je sens que nous approchons la limite de ce que nous pouvons faire. Alors que nous sommes dans la partie la plus raide, et que je pense que c’est gagné, ma roue arrière se met à patiner. Nous sommes à la fin de la saison des pluies, le bitume est gras, humide, et nos pneus trop fins, trop lisses, notre chargement trop lourd. Pied à terre. Je suis obligé de d’écraser les poignées de frein sans quoi la carriole nous trainerait jusqu’en bas.

Charlotte m’aide à pousser la carriole dans ce mur. 100m plus loin, il faut se rendre à l’évidence, nous n’y arrivons pas. Ceux sont maintenant mes chaussures qui glissent sur la route lorsque je pousse mon vélo. Les filles sont alors invitées à descendre et à marcher sur le bord de la route.

Contraints de faire descendre les filles.
Contraints de faire descendre les filles.

La récompense est à la hauteur de la difficulté. Nous abandonnons les vélos sur un parking et nous enfonçons à pied dans la jungle par un sentier qui remonte le long d’une rivière, rendue boueuse par la pluie de la nuit.

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Les filles jouent et se baignent dans les vasques. Un merveilleux moment de partage en famille, une belle conclusion à cette première journée de vélo en Asie.

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De retour à notre cabane sur pilotis nous décidons de partir à l’Est. Nous savons maintenant, d’expérience, que 500km dans les mêmes conditions que cet après midi ne donneront rien de bon.

Le matin du deuxième jour, un des pneus de la carriole explose ! J’arrive à bricoler une réparation pour finir l’étape et trouver une solution plus pérenne. Après avoir visité de nombreuses boutiques, aidé par le staff de notre hôtel, je finis par trouver, sorti de nul part un pneu de la bonne taille !

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Les jours suivants nous filons à bonne allure malgré les 800 à 1000m de dénivelé quotidiens et les 35 à 40 degrés en plein soleil.

Arrêt forcé en pleine côte
Dernier col – 14%

Nous passons une journée de pause à Tha Ton, où les crêtes montagneuses nous séparent de la Birmanie. Puis le cap s’oriente à l’Est. Nous roulons au travers de magnifiques reliefs déchiquetés et engloutis sous la végétation. Deux jours plus tard, nous posons nos sacoches à Chiang Saen, petit village sur les bords du Mekong. Le fleuve marque ici la frontière avec le Laos voisin.

Mekong
Mekong

Chiang Saen, est une étape particulière, c’est le point le plus au Nord de notre voyage dans ce pays. De là nous irons toujours vers le sud et sommes, de fait, raccords avec le nom de notre expédition « Plein Sud à Vélo » :-)

62 kilomètres plus tard, Chiang Rai. L’entrée en ville est bruyante et stressante comparée à notre paisible itinéraire au milieu des rizières, accompagnés de centaines de sourires et d’encouragement. Mais la route est maintenant très plate, nous roulons vite ! Nous arrivons à tenir une moyenne de 21km/h parfois. Il faut dire aussi que nous avons maintenant « les cuisses ». Nous sommes en effet dans notre 10eme mois de voyage à vélo à tracter près de 100kg !

Ce rythme nous plaît bien car il nous permet de réaliser de bonnes étapes en ne roulant quasiment que le matin. Liv et Tess ont grandi depuis Janvier et leurs besoins ont évolués. En étant disponibles pour elles en début d’après-midi, nous avons du temps pour jouer, bouger, visiter et discuter ensemble. Le reste du pays devrait être (très) plat, ce qui est parfait pour terminer cette année en carriole.

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A Chiang Rai, nous prenons 3 jours de repos dans une auberge de jeunesse où défilent les backpackers du monde entier. Nous sourions à les entendre planifier la suite de leur voyage à 100 à l’heure. Les tour-operators proposent de rallier Chiang Mai en trois heures, nous avons mis 5 jours (et 4000m de dénivelé !). Les restaurants « occidentaux » et coffee shop sont partout. Certains salons de massages semblent bien moins innocents que ceux des campagnes.

La ville en Thaïlande peut se résumer à ce simple choix : que faire avec 3€? Vous pouvez vous offrir un burger-frite, où manger « local » à 2 adultes et 2 enfants :-) Depuis le début de l’année nous nous sommes habitués à manger « toujours la même chose » pour être dans le budget.  Ici c’est Pad Thaï et riz frit !

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