La Thailande en relai : équipe 2

Après deux semaines de vélo à travers les plaines centrales de la Thaïlande avec les parents de Charlotte, c’est au tour de mes parents et ma soeur de nous rejoindre.

Quelques semaines en arrière, après avoir étudié la carte pour les six semaines de relai, nous avons pris la décision d’adopter un rythme paisible pour permettre à chacun d’expérimenter le voyage à vélo, quelque soit sa condition physique. De ce fait il nous est apparut impossible de descendre jusqu’au sud de la Thaïlande sans utiliser un transport motorisé.

Retour à la case départ

La première étape du relai s’est achevée à Kanchanaburi et nous avons décidé que la deuxième étape démarrerai à Surat Thani, 600 kilomètres au Sud. Nous avons donc rendez-vous avec mes parents à Bangkok, d’où nous prendrons tous ensemble le train de nuit.

Nous arrivons en bus à la gare de Bangkok. Si nous nous y sentions complètement étrangers lors de notre arrivée en Thaïlande, cette fois ci tout nous parait familier ! En deux mois nous avons adopter les codes Thaïs.

Nous retrouvons mes parents qui viennent juste d’atterrir et embarquons dans le train de nuit après leur avoir fait gouter quelques plats typiques. La nuit sera bonne pour les uns, en pointillé pour les autres.

Sur la ligne de départ

Arrivés à Surat Thani nous installons la nouvelle équipe dans un taxi avec 2 vélos et nous les suivons avec les nôtres jusqu’à un hôtel situé à l’ouest de la ville, nous évitant le chaos du traffic pour le départ.

Pendant que les grands-parents se reposent et jouent avec les enfants, nous repartons avec Charlotte à la recherche d’un cinquième vélo.

Nous nous rendons à la boutique la plus proche (17km) qui n’a malheureusement pas de modèle « entrée de gamme ». Nous tentons d’expliquer que nous sommes d’accord pour acheter un vélo en dehors de notre budget, à condition que la boutique nous le reprenne un mois plus tard, lors de notre retour à Surat Thani. Impossible de se faire comprendre malgré les coups de fil à des « amis qui parlent anglais ». Nous arrivons tout de même à arracher au vendeur l’adresse d’une boutique de vélos d’occasion et repartons pour 20 kilomètres de vélo.

La boutique indiquée ressemble plus à un hangar agricole où pourrissent depuis bien trop longtemps bien trop de vélos.

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Le propriétaire ne parle pas un seul mot d’anglais et ne fait aucun effort. Nous démarrons alors un étrange spectacle de mimes où nous tentons de lui expliquer que nous voulons un vélo alors que nous en avons déjà deux.

Le vieux nous suit dans notre exploration de son tas de ferraille et lorsque que notre intérêt se porte sur un vélo il griffonne le prix sur un bout de carton. Les vélos sont hors de prix. Lorsque nous pointons du doigts des câbles cassées, les patins de frein usés jusqu’à la moelle et la crasse recouvrant les parties mécanique, le vendeur nous fait simplement comprendre que c’est de l’occasion

Commençant à désespérer il nous montre un vélo de route neuf. Il nous le propose à un peu moins de 200€, alors que notre budget est de 100€. Nous faisons un rapide point sur la situation : nous sommes en milieu d’après midi, il nous manque toujours un vélo et nous devons partir le lendemain matin. Le prochain magasin est à 35km aller, et 35km retour. Ce vélo fera l’affaire. A contrecoeur nous le chargeons dans la carriole et arrivons à hôtel avec 45km au compteur, pas mal pour une journée de repos !

L'affaire est dans le sac ... ou plutôt dans la carriole !
L’affaire est dans le sac … ou plutôt dans la carriole !

Top départ

Après un briefing sur les règles de circulation et sur l’itinéraire prévu nous prenons la route.

La première journée de vélo nous réserve de nombreuses surprises, pour le plus grand bonheur de nos invités. La route est calme est sillonne les plantations d’hévéa, l’arbre duquel on récolte le latex à la manière du sirop d’érable. Nous prenons le temps de nous arrêter, de marcher dans les plantations et d’aller voir les producteurs qui transforment les boules récoltées en « tapis ».

A mi-parcours nous découvrons un magnifique temple au sein d’un incroyable réseau de grottes.

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L’après midi nous poursuivons sur une jolie route qui serpente entre les collines, seulement interrompue par un pont en construction. Nous atteignons un bel hôtel et cette fin de première étape est récompensé par une superbe piscine !

Un pont en moins, du fun en plus !
Un pont en moins, du fun en plus !

Le deuxième jour nous roulons sur une route plus passante que la veille. Nous approchons du parc national de Khao Sok. Les montagnes se font de plus en plus présentes et nous offrent de magnifiques points de vue. Nous nous installons en bordure du parc dans des bungalows de bambous nichés dans la jungle.

Le parc national englobe un lac de barrage qui a transformé les sommets en îles de calcaire et de jungle. Notre jour de repos sera l’occasion de visiter ce parc dans le cadre d’un tour organisé. Cette journée est l’occasion pour nous quatre, de prendre conscience du rythme dans lequel notre vie s’inscrit depuis maintenant 11 mois : la lenteur. Le contraste de cette journée est saisissant : tout est minuté, les attractions s’enchainent les unes après les autres, nous sommes transportés, animés, nourris, amusés. Malgré ce rythme chacun profite de cette belle journée. Il faut dire que les lieux sont spectaculaires. Les formations géologiques sont surprenantes et la jungle est omniprésente. Nous avons la surprise de déjeuner dans un hôtel flottant sur le lac et avons le temps de nous baigner dans une eau cristalline.

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De retour au bungalow, nous décidons de ne pas repartir le lendemain comme prévu initialement mais plutôt de nous offrir une véritable journée de repos.

Les deux jours suivants nous roulons vers l’ouest, en direction de la côte. Nous arrivons à trouver des routes peu passantes et profitons des paysages. Si les montagnes se dressent telles d’impénétrables remparts, toutes les plaines sont envahies par les plantations de palmiers à huile. Alignés avec minutie, les palmes brillent au soleil.

Plantations de palmiers à huile
Plantations de palmiers à huile

Nous profitons des points de vue pour montrer à Liv et Tess l’impact de cette culture intensive déjà observée en Amérique Centrale. La jungle a disparue et avec elle de nombreux animaux, dont la panthère noire. Nous essayons de trouver les mots pour expliquer à des enfants de 4 et 5 ans qu’au delà de l’image romantique de la jungle perdue, ces plantations sont la parfaite démonstration de notre mode de consommation centré sur excès, et que tout excès est nuisible. Exercice délicat.

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Au bout de quatre jours de vélo nous atteignons enfin la côte. Les filles l’attendaient depuis tellement longtemps ! Les derniers 300 mètres nous rappellent que cette région a été très marquée par le tsunami de 2004. Panneaux d’évacuation et sirènes XXL nous accueillent sur une plage de carte postale : une langue de sable blanc déserte où poussent des cocotiers qui dominent une eau turquoise. Nous marquons notre pause déjeuner dans un petit restaurant sur la plage. Ce Pad Thai à un goût particulier.

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Avis de tempête

Nous atteignons Khao Lak, petite ville touristique côtière, où nous prévoyons un jour de pause. La météo en décidera autrement : des tempêtes sont annoncées partout sur la régions, les îles de la côte Est sont inondées, les bateaux n’ont plus le droit de sortir. Nous qui comptions traverser la mer d’Andaman en ferry pour rejoindre Krabi, sommes obligés de revoir nos plans.

Coincés pendant 4 jours à attendre une tempête qui ne viendra finalement pas, nous remontons en selle avec en ligne de mire Phuket. Cette destination n’a jamais été dans nos plans mais, grâce à son aéroport, ce sera le point de passage de relai entre l’équipe 2 et l’équipe 3.

Phuket est à 2 jours de vélo. La première journée est très agréable et nous roulons à bon rythme sur les routes secondaires. Pour notre dernier jour cependant, nous devons traverser toute l’île de Phuket avant d’atteindre la ville. Cette journée nous rappellera notre traversée de Managua au Nicaragua, seul jour où nous nous sommes sentis en danger face au traffic. Plus nous approchons de la ville, plus le traffic s’intensifie, notre bande circulation est occupée par les voitures stationnées et par les scooters roulant à contre-sens. Nous traversons une zone de travaux qui rend l’exercice encore plus périlleux. Je tire la carriole sur cette section et j’avance le plus vite possible pour réduire notre exposition au risque. Il y a du bruit, nous devons en permanence être vigilant à tout ce qui bouge et même ce qui ne bouge pas encore mais pourrait se mettre en mouvement subitement. Le peloton s’est étiré mais tout le monde suit à merveille.

Nous échouons devant notre auberge rincés. L’équipe 2 termine son relai avec 300km et près de 3000m de dénivelé au compteur en 6 jours de vélo, bravo à eux !

Phuket

Nous avons 2 jours à passer à Phuket entre l’arrivé de l’équipe 3 et le départ de l’équipe 2. Pendant 2 jours nous sommes immergés dans le tourisme de masse, à un niveau que nous ne pensions pas possible.

Quel incroyable écart entre les catalogues des tour operators et la réalité ! Phuket est une débauche permanente, une overdose de tout, l’industrialisation du voyage à son paroxysme. Après ces deux jours nous n’attendons plus qu’une chose : sauter dans le ferry et fuir vers Krabi en espérant retrouver là bas la Thaïlande paisible que nous arpentons depuis 2 mois.

Alors que l’équipe 2 prend l’avion pour Bangkok, nous trouvons dans l’auberge une acheteuse pour le vélo que nous avons maintenant en trop et l’équipe 3 monte en selle pour rejoindre le port et de nouvelles aventures !

Ce qu’en dit Manon, soeur de Lilian

Le 22 novembre nous décollons tous les trois (les parents de Lilian et moi sa petite soeur) de France direction Bangkok!

Nous souhaitions partir pour découvrir et soutenir le projet de vie de Lilian, Charlotte, Liv et Tess. Pour comprendre leur quotidien. Pour découvrir leur fonctionnement. Pour partager leur vie. Pour vivre une expérience en famille.

La zone de confort

Pour ma part, la notion de « zone de confort » s’est immiscée en moi au fil des lectures de ce blog. SORTEZ DE VOTRE ZONE DE CONFORT.

Je ne suis pas du tout sportive et surtout assez phobique du vélo. Je suis montée en selle une seule fois depuis mes quinze ans. Ainsi, quand la petite tribu nous a fait du pied pour participer à leur voyage, je me suis dis que c’était une opportunité de sortir de cette fameuse zone de confort.

Et oui, ils nous le répètent : l’aventure est à portée de chacun d’entre nous. Ils nous ont prouvé chaque jour que quand on met du cœur dans ce que l’on accomplit, tout est possible.

Il faut être honnête, sortir de sa zone de confort cela veut dire suer à grosses gouttes et monter des côtes en plein soleil par 46°.

J’ai appris une chose sur le vélo, ne vous réjouissez jamais d’une descente, il y a toujours la côte qui va avec!!

Voila deux lignes pour les points difficiles. Euh, je vous passe les détails dans cette rubrique sur la plage de Patong (Phuket), je pense que Lilian aura été suffisamment explicite :-)

Le vélo

Le vélo est vraiment un moyen extraordinaire de voyager. On découvre les gens, les paysages, les coutumes et la nourriture d’une matière totalement différente. Vous pouvez parcourir des distances importantes en n’en perdant jamais une miette. Le voyage est dans le déplacement.

Comment découvrir en voiture, en bus et même en scooter, les gens qui vous hurlent « Bravo » à longueur de journée, qui vous arrêtent sur la route pour vous offrir de l’eau, des fruits, qui vous invitent chez eux.

Comment saisir toutes ses odeurs incroyables et inconnues? Ou encore le bruit assourdissant de la jungle? Comment vivre un moment tel qu’une centaine d’enfants dans une école qui se ruent aux fenêtres pour nous encourager et nous taper dans la main? Comment découvrir l’amour des Thaïs pour les enfants (de vrais petites starlettes les nièces)? Comment découvrir aussi les particularités de la communication avec les populations rurales qui ne parlent pas anglais (perte de patience assurée)? Comment voir sous cet angle, des paysages à vous couper le souffle et qui ne sont sur aucun guide?

Et la sensation le soir sous une bonne douche (oui parce que le soir on est vraiment crevé quand même), d’avoir vécu 10 journées en une. Ca permet de se rappeler, comme Lilian et Charlotte nous l’on dit, que l’humanité ce n’est pas que ce que l’on voit à Phuket. L’humanité, c’est avant tout ce fourmillement chaleureux où l’on se sent faire partie d’un tout.

Je suis partie pour la famille et j’ai découvert ce que c’est de voyager vraiment…

Voyage ou vacances?

Bon la famille parlons en! Nous voulions découvrir leur quotidien c’est chose faite! Que ce soit clair, voyage et vacances ce n’est pas du tout pareil. Eux, ont réellement 3 journées en une: le vélo, être parent et organiser le voyage au jour le jour. Et tout ça c’est du temps et beaucoup d’énergie. Car pour moi, quand j’enlève le pied de ma pédale le soir pour fouler le sol de l’hôtel, je me dis ouf! La journée est finie! Que neni! Pour eux, commence la journée avec les filles qu’il faut occuper et défouler après des heures dans la carriole. Et ça ne parait pas, mais deux petites filles qui viennent de globetrotter pendant un an, il faut les suivre! Elles sont curieuses de tout, veulent tout comprendre.

Ce que j’ai vraiment découvert c’est le côté logistique. En fonction du temps, projeter les trajets des jours suivants, trouver les meilleurs itinéraires, télécharger les cartes, trouver les éventuels points d’intérêts sur le trajet, trouver les logements, suivre le budget, écrire les articles… Cela prend un temps fou. Ils ont développé un savoir-faire incroyable au cours de cette année.

Mention spéciale à Charlotte qui pédale comme Lilian, qui tire la carriole à égalité, qui est une femme, une maman, une négociatrice, une organisatrice et qui garde le sourire en permanence (et oui Lilian on ne voit pas si il sourit avec la barbe ;-) ).

En résumé, une expérience et une famille en or! Merci de nous avoir fait vivre cela.

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