Le 24 février au matin, en passant la tête par l’ouverture de la tente, nous avons le plaisir de découvrir au grand jour la Finca Magdalena où nous avons passé une excellente nuit.
En poussant nos vélos la veille sur les derniers mètres de la piste sablonneuse nous avons réalisé que nous aurions peut être à bouger le lendemain pour établir le camp plus près d’une plage afin de profiter du lac Nicaragua. Au petit déjeuner nous échangeons avec Dave sur la stratégie à adopter pour quitter l’île le lendemain. Le premier bateau est à 7h30 et le deuxième à 15h.
Ayant l’ambition de passer dans la foulée la frontière du Costa Rica, nous devrons partir le plus tôt possible. Contraints par le levé du soleil, il nous semble cependant compliqué d’attraper le premier bateau en partant de la Finca. Nous décidons donc collégialement de repartir en direction du port pour nous rapprocher à la fois du bateau et de la plage. A mi-chemin nous trouvons une minuscule auberge sur la plage qui propose de faire du camping, emplacement idéal !
Nous passons l’après-midi à la plage. Difficile de se croire au milieu d’un lac : de l’eau à perte de vue, des vagues, une plage de sable avec des cocotiers et une vielle barque abandonnée qui semble avoir été déposée ici par un photographe soucieux d’avoir la meilleure composition.
En discutant avec la propriétaire de l’auberge nous apprenons que plus au nord, un autre embarcadère permet de quitter Ometepe avec une plus grande fréquence. Nous partirons donc pour le port de Moyogalpa demain à 7h.
Départ pour une (autre) longue journée
Nous sommes réveillés par un vent encore plus fort que la veille. L’arpenteur cycliste repère rapidement l’emplacement des points cardinaux. Aucun doute ce matin. Du regard je balaye la rangée de cocotiers qui longe la tente. Le vent vient du nord-ouest, ce qui signifie qu’il nous frappera de côté. Il faudra anticiper ses rafales pour ne pas être jeter sur le bas-côté.
Démonter la tente se révèle être un exercice périlleux, mais à 7h nous sommes sur nos vélos, comme prévu.
L’île d’Ometepe est constituée de deux volcans aux cônes parfaits dont les bases se touchent. Allez comprendre pourquoi la route qui passe entre ces deux géants n’emprunte pas le point de plus basse altitude… Un premier mur se dresse face à nous comme pour nous prévenir que la journée ne va pas être facile. Arrivés à son sommet la pente s’adoucie mais continue de grimper pendant 7 kilomètres.
Ensuite, du col c’est la grande descente ! Les cuisses échauffées par l’ascension, et face à l’absence de trafic je me laisse à admirer tantôt le volcan à ma droite, tantôt la mer le lac à ma gauche. Mes yeux se posent un instant sur le compteur de vitesse : 60 km/h ! Je serre alors lentement mes poignées de frein pour rétablir une vitesse « raisonnable », surtout avec la carriole accrochée à mon vélo. Toujours difficile de freiner en descente après avoir atteint un sommet.
A 9h, et après 25km sur l’île nous arrivons à l’embarcadère. Prochain ferry à 10h30. Cela nous laisse le temps de profiter d’un excellent petit déjeuner.
Cette fois-ci, le bateau sur lequel nous embarquons est plus conventionnel dirons-nous.
Après une heure trente de traversée à regarder des clips musicaux qui nous rappellent ô combien l’amérique centrale est une région machiste, nous sommes de retour sur le continent.
Notre point de chute au Costa Rica est distant d’encore 56km et il faut passer la frontière. Nous engloutissons des sandwichs que nous préparons à la va vite et repartons sous un soleil maintenant écrasant.
Les 10 premiers kilomètres filent à toute allure puis, comme nous l’avions anticipé, nous sommes frappés de plein fouet par le vent d’Est. Lentement mais surement nous longeons le lac en direction du Sud. Comme pour nous rappeler que le Nicaragua est un pays venteux, dans les derniers kilomètres qui nous séparent du Costa-Rica, d’immenses éoliennes se dressent sur le côté de la route.
Costa-Rica, nous voila !
Peñas Blancas, 15h. La frontière n’est plus très loin c’est certain. Sur le bord de la route, partout des hommes se tiennent à côté de piles entières de bidons d’essence. A croire qu’elle doit être bien moins chère au Nicaragua. C’est une information qui nous importe peu je dois avouer !
Premier portail, premier contrôle de passeports, froid. Nous avançons, croisons des 4×4 venant du sud, le toit chargé de planches de surf : nous allons dans la bonne direction !
Passage au poste de départ du Pays, on ne comprend pas tout mais 8$ plus tard nous avons nos tampons de sortie. Je négocie nos derniers Cordobas (monnaie du Nicaragua) contre une gros sac de noix de cajou.
Deuxième portail, deuxième contrôle de passeport, froid. Sans m’en rendre compte j’ai perdu Charlotte et Dave. Je n’ai pas les passeports sur moi et tente de dérider l’officier et de faire passer le temps en lui expliquant ce que nous faisons ici. Plus il comprend notre périple, plus ses yeux s’ouvrent et son sourire monte. Lorsque Charlotte et Dave nous rejoignent il raconte à ses collègues notre voyage comme un enfant conterait à ses parents sa classe de neige.
Nous quittons enfin le Nicaragua et nous dirigeons vers le poste frontière du Costa-Rica. Une longue file indienne se dresse devant l’entrée. Il semble nécessaire de passer les bagages aux rayons-X et décidons alors de prendre notre tour, avec les vélos. Alors que notre tour approche, un officiel Costaricien sort de son bureau le visage sombre et nous ordonne de faire demi-tour et qu’il est hors de question que nos vélos rentrent dans le bâtiment. Nous nous excusons platement mais rien ne semble pouvoir interrompre son flot de paroles aigries. Difficilement nous faisons demi-tour pour stationner nos vélos à l’extérieur et refaisons la queue, chacun à notre tour pour surveiller notre embarcation. Pour le premier contact au Costa-Rica, on reviendra !
A 16h30 nous avons nos coups de tampon nous autorisant à rester dans le pays pour les 90 prochains jours. Le soleil est déjà bas sur l’horizon et il nous reste encore 15km pour atteindre notre point de chute.
Ayant eu la chance au Nicaragua, un des pays les plus pauvre d’Amérique centrale, d’avoir des routes d’une qualité exceptionnelle, il nous semblait évident que le Costa-Rica, la Suisse de la région, ne pouvait que surpasser son voisin. Erreur ! Nous embarquons sur une route défoncée, craquelée et sans bas-côté.
Tant bien que mal nous avançons le plus vite possible vers le sud et pénétrons dans la Finca à la tombée de la nuit.
Nous plantons la tente au bord de la rivière et nous nous autorisons à dîner à la table d’hôte après 100km, un ferry, une frontière et un vent qui ne se lasse pas de nous.
Le lendemain nous passons la journée à la Finca. Nous préparons la route pour les prochains jours avec Dave, Liv et Tess jouent dans la salle de jeu. Nous avons même la chance d’observer notre premier crocodile, qui se prélasse dans l’eau à quelques dizaine de mètres de la tente. Pour la baignade, on reviendra !
Vous aimez nos récits ? Partager cet article à l’aide des boutons situés juste en dessous de l’article !
J’attends toujours vos aventures avec impatience ! !! C’est un véritable plaisir de vous suivre!
J’espère que les ticos vous ont mieux accueillis qu’à la frontière !
Besitos amigos
Bonjour, heureuse d’avoir le récit de la suite de l’aventure!!
Petit message pour Tess: nous parlons très souvent de vous en classe et Stéphane Guillibert souhaiterait que j’organise un voyage scolaire pour vous rejoindre et faire la route avec vous car son vélo roule très bien!!!!!
Je lui ai expliqué que cela me paraissait bien difficile à envisager mais j’ai trouvé cette idée ADORABLE.
Bisous les filles, continuez à être sages comme toujours.
Bonjour Patricia,
Malgré notre silence radio les filles parlent beaucoup de l’école et demandent quelle heure il est en France, et si les copains sont à l’école.
Tess et Liv aiment jouer avec les livres. A l’auberge où nous sommes depuis quelques jours elles regroupent les livres et jouent à la marchande avec.
Tess est devenue une petite fille malicieuse. Je suis sure qu’elle trouvera une idée pour faire découvrir la vie à vélo aux copains à notre retour
Merci Patricia.
Les filles vous envoient des bisous
Aurez vous assez de place sur vos passeports pour y faire figurer tous vos tampons ?
Une autre douane de passée … vous parlez de la Suisse…. le chocolat, la neige et la fondue vous manqueraient ils. Bises à vous 4