1 avril 2016 – Cela fait quelques jours que nous profitons de la fraicheur de Boquete et il est temps de reprendre la route.

Nous avons une cinquantaine de kilomètres à faire avec une très grande descente. C’est une belle journée qui s’annonce !

La ville de Boquete est dans une cuvette, il y a donc une petite côte à faire avant de pouvoir se laisser aller en roue-libres. Nous prenons un bon petit déjeuner, chargeons les vélos et en route. Je suis devant avec les filles, Lilian assure le rôle de copilote à l’arrière. La montée n’est pas très longue mais sans échauffement elle agit comme un coup de massue. Deux hommes en vélos de route nous doublent. L’un d’eux est français et nous envoie quelques mots pendant que nous poussons fort sur nos pédales.

Le sommet est visible, les cyclistes nous ont attendu certainement pour en apprendre plus sur notre périple. Il fait encore frais mais nous sommes déjà en nage. Je m’arrête à côté d’eux, je bois un petit coup et je sens que ce n’est pas la grande forme. Ma tête tourne un peu. Je m’accroche à mon guidon pour me laisser un peu de temps et retrouver mes esprits… la chose suivante dont je me souviens c’est Lilian qui m’aide à me relever en me demandant ce qu’il m’est arrivé. Pendant une fraction de seconde je m’inquiète des filles. Je m’assoies et m’aperçois que j’ai perdu connaissance. Je commence par être rassurée que rien ne soit arrivé aux filles. J’étais à l’arrêt, seul mon vélo est tombé avec moi dessus (ou dessous). Je suis vexée, comment ai-je pu perdre le contrôle ? Je reste pensive toute la journée : je n’ai peut-être pas assez mangé au repos ? J’ai moins bu ces derniers jours car la chaleur était moins insoutenable. Je demande beaucoup à mon corps ces derniers mois et il trouve le moyen de me rappeler à l’ordre. Il va falloir que je sois (encore) plus attentive.

Nous reprenons la route et profitons des 30km de descente en pente douce. Les montagnes nous offrent un très beau panorama dans le fond. Nous traversons des pâturages et collectons ainsi de nouvelles odeurs. Les criquets chantent et nous donnent l’impression d’être en pleine Provence en été.

 Nous faisons une pause baignade à Gualaca, dans le canyon creusé par la rivière. Nous nous y jetons tout habillé. Les filles enfilent leur brassards et leur « lunettes de sous l’eau » pour regarder les poissons. L’eau est presque fraiche, il fait bon, cela fait du bien.

La rincée

Quelques gouttes commencent à tomber. Nous avons presque oublié à quoi ressemble la pluie. En plus de trois mois de voyage nous avons eu seulement 3 jours de pluie. Nous hésitons : devons nous sortir et repartir avant qu’il ne pleuve trop? Est-il préférable de rester dans l’eau, tant qu’à être mouillés ? Faut-il se préparer à se mettre à l’abri?

Nous optons pour l’option : restons tranquilles et on verra bien. Cela fût vite vu : en quelques minutes la pluie s’est intensifiée. Lilian est allé aux vélos chercher notre tarp pour nous mettre à l’abri.

Le tarp fixé sur les branches d’un gros arbre, nous mettons les filles en dessous. Elles sont trempées et commencent à avoir froid. Lilian les prend contre lui pour leur transférer sa chaleur, nous faisons tous les 4 un gros regroupement pour les réchauffer et même si nous sommes tous aussi trempés cela est efficace. La pluie est maintenant très intense. L’escalier est devenu une cascade et toute l’eau arrive à nos pieds (les filles sont en hauteur et protégées). L’eau ruisselle le long des branches de l’arbre et commence à goutter sur la tête de Tess. Nous n’oublions pas de garder le sourire. Liv lance un « Oh là là on est vraiment mieux sous la bâche« .

Nous sommes complètement rincés, la pluie se calme et s’achève en fines gouttes. Je remonte aux vélos pour enfermer les filles dans leur carriole dont elles réchauffent rapidement l’air pour le transformer en un véritable hamam.

Le pique-nique est rapide et efficace : tortillas et frijoles auxquels nous ajoutons une touche de peanut butter cette fois-ci.

Une pause à Chiriqui

Ce soir là nous allons dormir à Chiriqui Cuidad chez Régis, Diniria et Taina. Régis est le frère de Priscilla qui nous avait hébergé au Costa Rica. Liv et Tess trouvent une copine qui parle français, c’est un vrai régal que les voir jouer ensemble. Entre adultes nous passons aussi une super soirée. Ils nous invitent à rester quelques jours. Nous passons donc 3 jours avec eux. Lilian assiste Régis dans la découpe de 3 arbres qui réalise le tour de force de construire sa maison sur une île en allant jusqu’à réaliser lui même les planches et poutres nécessaires ! Pendant ce temps je reste bouche bée devant les réalisations pâtissières de Diniria : Charlotte aux fraises, éclairs aux chocolats, millefeuilles… tout cela en jonglant avec les coupures d’eau et d’électricité et par 36 degrés à l’ombre.

Loin des vélos la chaleur est étouffante, en roulant nous avons au moins l’air lié à notre déplacement. Réveillés par une chaleur insupportable sur notre tente, nous suons à grosses gouttes toute la journée. Comment allons nous supporter la chaleur sur les 550km qu’il nous reste pour nous rendre à Panama City?