Dans l’oeil de la tempête

Près du Loch Ness en Écosse.

16:00

Nous sommes au col et nous avons une vue impressionnante sur toute la vallée. Le parking est plat, c’est là que nous voulons dormir cette nuit ! Le bivouac en pleine nature il n’y a rien de mieux.
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Un camping-car, puis un autre, se gare à côté de nous puis repart vers la vallée. Il semble que nous soyons les seuls à tenir à dormir sur ce point culminant.

Il est encore trop tôt pour s’installer mais pour une fois nous avons une journée magnifique (réveil sous les rayons du soleil qui passent à travers la moustiquaire de la tente de toit puis soleil d’aplomb qui fait rougir les écossais tous blancs en un clin d’œil) nous voulons en profiter. Cela fait des semaines que nous en rêvons d’une telle journée, pas question de rouler toute la journée enfermés dans le van !

Le mauvais temps nous attaque le moral
Le mauvais temps nous attaque le moral

Nous venons d’arriver au nord de l’Écosse, à Inverness, et attendons une fenêtre météo pour nous remettre en selle. Aujourd’hui il fait grand beau mais les prévisions sont désastreuses pour demain, il doit pleuvoir 20mm sur la journée, avec un risque d’orage important. A croire que toute apparition du soleil se paie…

18:30

Avant le repas, je monte au point de vue avec les filles en courant, nous sommes toutes les trois pleines d’énergie. La vue nous confirme que le spot est idéal pour la nuit, le coucher du soleil va rendre la scène encore plus magique.

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Ce soir nous nous offrons un repas de fêtes, la journée nous a donné du baume au cœur et nous avons voulu marquer le coup en changeant de nos menus habituels : pâtes à la sauce tomate, purée-saucisse, riz ou semoule aux légumes sautés. Ce soir c’est panini saucisse/champignons/fromage grâce à la belle initiative de Liv qui s’est jetée sur les pains à panini au supermarché :-)

20:00

A peine le repas terminé, un superbe combi Volkswagen se gare juste devant nous. Oh non! Il va nous prendre la vue… Ses passagers descendent un appareil photo à la main et se prennent en photo devant leur véhicule avec comme arrière plan la vallée qui s’est remplie de chaleureuses couleurs. Il s’agit d’une petite famille d’Ecossais qui a loué le van pour la semaine. Ils vont redescendre au camping quelques km plus bas nous disant qu’ils ne sont pas assez courageux pour dormir comme ça, sans structure. Courageux? Ils ont dit courageux?… Nous n’avons pas l’impression de faire preuve de courage à dormir dans ce lieu si magnifique, nous nous sentons plutôt chanceux d’être là, et tous seuls en plus…

Le soleil joue à cache-cache avec les nuages et à chaque disparition de ce dernier nous nous enfermons dans le van, car les midges sont de sortie. Nous entendons parler des midges depuis des semaines : c’est l’horreur parait-il, ils attaquent par centaines et on ne peut juste rien y faire. Ces minuscules insectes ne sont visibles que parce qu’ils se déplacent en masse. Ils piquent et laissent un bouton qui démange pendant des jours. Nous avons vu de nombreuses jambes et bras couverts de piqûres et ce n’est pas très beau à voir… Nous sommes à l’Est et ne devrions pas être trop touchés pour le moment mais les occupants du combi ont précipité leur départ du parking car les midges venaient de sortir…

21:00

Le vent souffle et chasse donc les midges. Nous pouvons ouvrir les portes du van pour faire descendre la température car tant que le soleil tape dans les vitres il chauffe notre espace confiné. Nous couchons les filles à l’arrière du van sur leur lit. Le vent forcit un peu et siffle dans les roues de nos vélos qui sont à l’arrière du van. Les fermetures éclairs des fenêtres de la tente cliquettent en suivant les oscillations de la toile.

21:30

Le vent vient de tourner, il est maintenant latéral. La tente de toit commence à danser. Il faut la ranger avant qu’il ne soit trop tard. Nous amorçons la descente du toit, Lilian sort pour s’assurer que la toile est bien rentrée pendant que je tiens la structure par les deux poignées avant. Quand il ouvre la porte, le vent s’engouffre dans le cockpit rendant le maintient du toit quasiment impossible, je lui hurle de vite revenir sinon tout va s’envoler et probablement moi avec. C’est donc à 4 bras que nous tenons le toit avant de le verrouiller avec ses sangles.

 22:00

Les prévisions annonçaient des vents a 20km/h. Comme le soleil se couche nous pensons que le vent peut forcir temporairement avant un retour au calme qui permettra éventuellement de remonter la tente. Dans le pire des cas nous nous préparons à dormir sur les fauteuils avant du van qui, une fois retournés vers l’arrière, nous permettent d’allonger nos jambes. Ce n’est pas idéal mais c’est déjà ça.

22:15

Le vent est toujours aussi fort. La luminosité descend mais le soleil n’est pas tout à fait couché.  Si nous voulons descendre dans la vallée pour dormir c’est maintenant. Le toit est solidement attaché, chercher un terrain de repli maintenant ne nous enchante pas et nous décidons alors de rester où nous sommes.

22:20

Lilian sort faire un tour du van et me hurle : « Le vent soulève la tente par l’arrière. On descend tout de suite ! »

Tess, qui ne dort pas encore se met dans son siège en lâchant « Maman, j’ai peur ! »… et je la comprends. Liv est dans les bras de Morphée, je la dépose dans son siège et les attache toutes les deux. La tension monte mais je m’efforce de rester bien calme pour ne pas me prendre les pieds dans le frein à main ou dans les bagages qui trainent. Je retourne les sièges avant, je mets le contact et Lilian saute sur le fauteuil du copilote. Il fait encore assez jour pour que nous puissions voir où nous allons mais nous n’avons pas beaucoup de temps avant que la nuit ne tombe tout à fait.

Nous passons un premier parking qui ne retient pas mon attention. Dans l’urgence j’en oublie qu’il faut que l’on s’arrête quelque part. Je n’ai qu’une envie : m’éloigner au maximum de ce col venté ! Puis dans un virage, juste à l’orée de la forêt se présente un parking à l’abris du vent et à plat. Rien ne bouge et tout est silencieux, c’est le bon endroit pour s’arrêter.

Nous remettons les filles dans leur lit et remontons la tente qui reste, cette fois ci, tout à fait en place.

Nous s’avons qu’il y aura certainement de l’orage dans la nuit, nous retournons les sièges avant au cas où nous devions redescendre la tente – à nouveau – et dormir en bas.

23:00

Tout le monde dort.

3:00

Le ciel s’illumine totalement avant que le tonnerre se confonde avec le vent. Lilian me réveille : « L’orage arrive on rabat la tente ». Je suis encore dans mon sac à viande quand mes deux pieds touchent le siège conducteur. Le vent siffle dans la vallée, le ciel s’éclaire toutes les secondes.

Hors de question de sortir vérifier si la toile est bien rentrée avant de plier la tente, nous la tirons vers l’intérieur au maximum, l’attachons fermement et nous nous réfugions chacun sur notre siège. En quelques secondes la pluie s’écrase à grosses goutes sur notre pare-brise. Le ciel réagit comme un spot géant dont l’interrupteur est entre les mains d’un enfant qui jouent à « jour/nuit » inlassablement.

Quelques instants plus tard, nous avons le rugissement du tonnerre en plus. Ca y est, nous sommes dans l’œil de l’orage quand, dans un bruit fracassant, nous apercevons des flammes sur l’autre versant de la vallée à quelques dizaines de mètres de nous. Un arbre vient de prendre la foudre et le voilà qui est réduit en poussière. La pluie est de plus en plus forte et claque sur le pare-brise. Nous ne disons rien, essayant de nous rassurer intérieurement comme nous le pouvons. Nous vérifions que les filles sont bien allongées dans leur lit et qu’elles ne touchent pas la partie métallique du van.

Lilian finit par s’endormir, la fatigue a pris le dessus. Il est dans son duvet, sur le siège du copilote. L’intérieur du van est sans dessus-dessous suite au départ en urgence quelques heures auparavant. Je me dis « Ca pourrait être pire » mais après tout je me demande ce que le pire pourrait être… J’oublie la pluie, le toit, le vent, l’orage, les arbres autour (mais assez loin quand même)…

Je me dis à instant que la situation pourrait être encore plus compliquée si quelqu’un venait taper à la porte pour demander un abris. Ce van, que nous avons baptisé Mongolu (qui est un abris de chasse au Cameroun), est notre repère et devoir y faire rentrer un inconnu dans un moment de vulnérabilité comme celui-ci me semblait être insurmontable. Quand j’en ait parlé à Lilian le lendemain il m’avoue avoir pensé à la même chose en s’endormant. :-)

4:30

Je dors sur mon siège, l’extérieur semble être calme et coloré. Je referme l’œil en ayant l’impression d’être dans un rêve. Lilian me réveille : « Il fait jour, c’est calme. Viens on remonte la tente pour dormir correctement« . Nous nous rendormons dans la minute.

9:20

Liv est réveillée et comme à son habitude elle dessine tranquillement le temps que nous ouvrions un œil. C’est une agréable surprise de voir que nous avons dormi si longtemps. Liv demande pourquoi nous ne sommes plus au même endroit que lorsqu’elle s’est endormie. Tess s’empresse de raconter notre « déménagement » en urgence. Puis les parents continuent l’histoire avec l’épisode « Orage » de la nuit pendant lequel elles n’ont pas bougé une oreille.

Une nouvelle journée de pluie et de grisaille se présente nous. Nous allons à la piscine couverte pour avoir une raison ludique d’être mouillés.

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