Entrée au Panama

La 2×2 voie étire son ruban de béton brulant jusqu’à l’horizon. Nous sommes au Panama. Notre premier objectif est d’atteindre la ville de David située à quelques cinquante kilomètres de la frontière.

Malgré un trafic important nous sommes en sécurité sur la très large bande d’arrêt d’urgence qui borde la route. Les coups de pédalent sont francs et le compteur affiche une vitesse moyenne de 14km/h malgré une bonne montée que Charlotte gère magnifiquement.

C'est parti pour la traversée du Panama
C’est parti pour la traversée du Panama

La ville de David n’a rien à offrir aux voyageurs en quête de découverte. Nous arrivons de surcroit en plein vendredi saint. La cité est déserte, il fait chaud. Des blocs de béton, un MacDo, un Domino’s Pizza. Nous entamons notre tournée des auberges de jeunesse. Aucune n’accepte les enfants, le pire c’est que nous commençons à être habitués… C’est finalement à l’Hospedaje San Juan que nous jetons nos sacoches. Bêtement je n’ai pas demandé à voir la chambre avant de payer, ce que nous faisons systématiquement en Amérique centrale. Celle-ci est à l’image de la ville, moche, chère, sale et sans fenêtre. En route pour le ravitaillement au supermarché surdimensionné situé deux rues plus loin.

Un passage classique au supermarché.
Un passage classique au supermarché.

Si faire attention à ses déchets est déjà compliqué en France, ici et à vélo c’est impossible ! Nous passons le début de soirée à tout re-packager dans nos sacoches.

Direction la fraicheur !

Après avoir longtemps hésité à visiter Bocas del Toro (sur la côte caribéenne) dont tout le monde ne nous dit que du bien, nous décidons de faire étape à Boquete. Ce village est situé à 1200m d’altitude, sur les flancs du volcan Barú. Cette étape rajoute du dénivelé pour aller à Bocas del Toro mais permet d’éviter les pentes trop violentes de la « carretera del diablo » !

Nous quittons David à 6h du matin pour affronter les 40km de montée qui nous attendent dès la sortie de la ville. Pour cette ascension nous changeons de stratégie et optons pour un changement de carriole tous les 10km. La première section est facile et au quinzième kilomètre les choses sérieuses commencent : une pente parfaitement régulière nous fait monter progressivement en direction du volcan. Plus nous montons plus nous ralentissons jusqu’à nous stabiliser à 4km/h. Le plus difficile dans cette ascension est la monotonie de la route. Elle a été refaite à neuf récemment ce qui est plutôt agréable d’un point de vue du revêtement mais casse le moral face à un horizon immobile.

J’annonce à Charlotte qu’il lui reste 2km avant que je prenne le relai. A notre rythme cela signifie une demi-heure de pédalage, sous un soleil qui ne faiblit pas. Je l’entends qui râle gentiment devant. Le vent se lève et commence à nous faire osciller vers le fossé. La journée est longue, très longue !

40km de montée pour atteindre Boquete
40km de montée pour atteindre Boquete
Rafraichissement près d'une canalisation trouée.
Rafraichissement près d’une canalisation trouée.

Nous mettrons finalement 8h pour atteindre Boquete… seulement 42km !

La ville de Boquete tranche avec son affreuse voisine David. Il fait frais, la première auberge de jeunesse que nous visions nous accueille chaleureusement et nous sommes entourés de montagne et de forêt. Un vrai bonheur.

Avant que le soleil ne se couche nous arpentons les rues. Quelle surprise de voir des étales de bonnets et écharpes ! Depuis trois mois il ne s’est presque pas passer une journée où nous n’ayons pas eu droit à nos 35°… minimum. Dans notre chambre il n’y a pas la climatisation mais une couette ! On se régale à imaginer notre prochaine nuit, fraiche, peut-être même froide :-)

Lors de notre journée de repos nous étudions rapidement la carte pour nous rendre à Bocas del Toro. La route est longue et raide. Environ 150km avant d’arriver au port d’où le ferry nous emmène dans les îles. Compte tenu de notre performance de la veille nous jugeons plus intéressant de laisser nos vélos à l’auberge et de prendre une navette. Nous passons à l’accueil réserver nos places et savourons le reste de la journée.

Boquete
Boquete

Bocas del Toro

Après un copieux petit déjeuner, nous embarquons dans le bus à 8h. Le trajet est annoncé en quatre heures. La navette redescend d’abord au Sud sur la route emprunté l’avant veille, puis bifurque à l’Est avant de repartir au Nord. Nous avons les yeux rivés sur la route pour observer ce à quoi nous aurions du faire face à vélo.

Le moteur hurle, ça tangue à droite, à gauche. Plus on monte, plus le ciel s’assombrit. Il semble que nous ayons pris la bonne décision.

Sur la route en direction de Bocas del Toro
Sur la route en direction de Bocas del Toro

Nous passons ce qui pourrait être un col si la route ne continuait pas à jouer aux yoyo avec l’altimètre. Soudainement, sur ce versant nord, le paysage change du tout au tout ! Nous sommes maintenant dans la brume. Accrochée à une jungle épaisse offrant une infinité de nuances de vert, elle cache les contours du relief. La fine pluie qui tombe fait surgir partout des cascades et rivières sauvages qui semblent déchirer la forêt.

Nous allons vite, trop vite. Le déplacement motorisé gâche la meilleure partie du voyage en nous privant de nos sens : pas d’odeur, pas d’humidité, pas de sons, quelle température fait-il dehors ? Alors je laisse mon esprit tenter de reconstituer la sensation que nous éprouverions à Être avec la Jungle plutôt que de la snober dans notre enceinte de verre et de métal.

Elle exerce sur moi une incroyable attraction comme elle l’avait fait à Tikal, au Guatemala. Il n’y a pas de chemin, pas de route, le sol n’est même pas visible. Impossible de distinguer un horizon ou un repère. Tout est mouvant.

Et puis, en se rapprochant de la côte, la civilisation refait son apparition. D’abord discrète, elle apparait sous son plus mauvais jour à Almirante, petit village-port d’où vont et viennent les bateaux chargés de touristes. Ayant défriché la mangrove, les maisons sur pilotis menacent de tomber à l’eau, quand ce n’est pas déjà fait, et la mer est chargée de détritus en tous genres.

La traversée est rapide. Il suffit de regarder par dessus bord pour voir la couleur de l’eau changer. D’un brun-vert crasseux elle devient bleu profond, presque noir, avant de laisser place à un fabuleux turquoise que les nuages de passage n’arrivent pas à atténuer.

Arrivée à Bocas del Toro
Arrivée à Bocas del Toro

Bocas del Toro, désigne à la fois un archipel d’îles situées non loin des côtes et la ville principale de cet ensemble. Les filles sont surprises de voir cette île qui n’a pas de sable mais uniquement des maisons côtières. On est bien dans les caraïbes et l’influence créole est partout.

Nous partons à la recherche d’un camping repéré sur internet la veille. Celui-ci est sale, peu confortable et très cher. Pendant que les filles mangent, je pars explorer l’offre hôtelière de l’île. Une première auberge de jeunesse m’annonce un tarif prohibitif, 132€ la nuit, une manière poli de dire : « pas de marmaille chez nous ». A l’accueil de la deuxième, on m’annonce à nouveau que ce n’est pas possible de venir avec nos enfants. C’est la fois de trop ! J’explique, non sans agacement, que nous voyageons depuis 3 mois avec des enfants qui ont dormi dans des hôtels insalubres et bruyants, que nos filles sont capables de faire 18 heures dans un minibus sans râler, et que cela s’est toujours très bien passé. « OK, si c’est bon pour vous c’est bon pour moi » me dit le type de l’accueil… ouf !

Toutes voiles dehors

Nous avons réservé pour le lendemain, une journée à bord d’un catamaran. Nous rejoignons notre skipper, un couple d’américain, une suisse et un allemand, et embarquons. Le moteur étant en panne, nous sortons lentement mais surement du port à la voile, élégant !

La première étape est d’aller à la rencontre des dauphins qui résident dans une baie non loin de l’île principal. Assis à l’avant du pont nous scrutons l’horizon. Quatre à cinq dauphins s’amusent à sauter et plonger face à nous pendant quelques minutes. Les filles sont ravies du spectacle !

Nous partons ensuite près d’un récif de corail situé au bord de la mangrove. Tout le monde enfile son masque et son tuba, les filles mettent brassards, gilets de sauvetage et lunettes de piscine et nous partons à l’exploration.

Première plongée pour Liv et Tess !
Première plongée pour Liv et Tess !

Si les poissons se font discrets, les coraux eux sont très nombreux et nous offrent une incroyable palette de couleur : jaune, vert, violet, rouge, etc.

Le catamaran reprend la mer pour nous emmener à « fish heaven », un autre spot où cette fois-ci, les poissons sont les stars. A nouveau nous sautons tous les quatre à l’eau pour profiter du spectacle !

Nous rentrons à notre chambre les yeux chargés de belles images et tellement heureux que les filles aient osé mettre la tête sous l’eau pour partager ce moment.

Le soir nous errons dans la rue principale et nous tombons par hasard sur Nathalie, une américaine, rencontrée dans le bus qui nous a emmené du Guatemala au Nicaragua et que nous avions recroisée sur l’île d’Ometepe et une fois encore à la frontière du Costa Rica !

Nous repartons pour Boquete le lendemain matin. Rester à Bocas del Toro plus longtemps coûte cher et n’avons pas envie de passer nos journées à la plage.

Tellement bien installés à Boquete, nous reportons notre départ d’une journée pour profiter encore un peu de la fraicheur montagnarde. La fournaise peut attendre un peu !

11 commentaires

  • Bon vous avez beau rouler à 4 km/h en moyenne dans ce beau pays, vous avez quand même rattrapé l’actualité !!! On ne parle que de Panama Papers cette même semaine en France et en Europe et vous allez nous faire croire que vous arrivez là incognito, en vélo avec deux enfants et une remorque ! Là ça devient louche tellement c’est gros ! y a pas un double fond dans la carriole avec les biftons de Bazile à placer dans une société off-shore basée sur un catamaran au drapeau panaméen ? Ah ah, vous n’auriez pas dû tenir ce blog, vous êtes repérés maintenant ! Vous allez apparaitre sur une liste à côté de noms prestigieux, c’est malin ! ;+))
    Bazileleaks c’est parti !

  • Cela rigole bien sur les photos, quel bonheur vous vivez tous les 4,Lilian, tu devais être heureux sur ce catamaran sauf que tu n’avais pas ton pull marin ! Les filles sont radieuses, magnifiques et vous aussi……

  • vraiment magnifique ! vous êtes beaux comme tout !! les filles changent aussi surtout Tess !!
    bravo bravo !! vous êtes de merveilleux et courageux aventuriers !!
    plein de bisous

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