Nous profitons d’une journée de repos plutôt fraiche à Coban. Nous ne quittons pas nos doudounes et sommes contents d’avoir des duvets bien chaud la nuit.

Il fait froid !
Il fait froid !

La ville en elle même n’est pas très intéressante, elle est assez vaste et plongée dans le brouillard ou sous la pluie quasiment toute l’année.

Nous avons profité de cette halte pour faire un grand coup de propre dans nos affaires. Nos sacs sont enfin pleins d’affaires sèches mais surtout propres ! Nous sommes donc parés pour continuer l’aventure.

Notre objectif est de rejoindre le lac Atitlan. Nous pourrions le faire en vélo mais la route la plus directe et aussi la plus belle est considérée comme impraticable sur 66km, elle n’est pas bitumée (et défoncée), il y a du dénivelé et elle est assez étroite. Nous sommes résolus à prendre le bus sur cette partie et à faire le reste à vélo.

Nous avons eu Vincent, Anthony et Medhi au téléphone la veille, ils sont près du lac depuis quelques jours. Ils nous déconseillent de nous approcher en vélo car les routes leur semblent déjà super dangereuses en voiture.

A force de discussion avec les backpackers que nous croisons nous nous décidons à prendre un shuttle jusqu’à Antigua. Nous pourrons ainsi très facilement aller au lac. Cela veut dire que nous allons faire quelques étapes en bus et prendrons un autre rythme : nous allons avaler les kilomètres sans effort.

Nous retrouvons Vincent le soir qui a fait en voiture, la fameuse route qui nous semblait impraticable. Il a parcouru 250km en 8h. Il est content d’arriver et nous sommes ravis de le revoir. Les filles, qui l’apprécient pour son répondant à leur imaginaire, sautent de joie en sachant qu’il va arriver. Liv a déjà utilisé les pouvoirs de sa baguette magique pour le transformer en différents objets.

Nous passons une soirée à échanger les bons plans d’hôtels et de routes, lui vers le sud, nous vers le nord. Mehdi et Anthony qui sont coincés sur la route plus au sud suite à un problème de frein le rejoignent demain et ils remontent près de Tikal pour faire un trek de 6 jours à El Mirador, un site maya encore vierge qui  ne peut être atteint qu’à pied avec des mules. Une belle exploration en perspective.

Le lendemain le shuttle passe nous prendre devant l’auberge. Un vrai luxe, nous sommes loin de l’état de stress dans lequel nous étions pour prendre notre dernier colectivo de Chisec à Coban. Après les quelques secondes d’hésitation du chauffeur face à tout notre matériel, il finit par tout monter sur le toit. Nous sommes à bord d’un bus de touristes, fini l’immersion.

Chargement du toit en cours
Chargement du toit en cours

Le trajet est annoncé en 5h, nous en mettons 10. Les filles sont d’une patience à toutes épreuves. A défaut de pouvoir sortir les livres et les manuels nous faisons jouer l’imaginaire des uns et des autres. Nous nous racontons des histoires que nous inventons. Nous faisons passer le temps à commenter la route en notant son dénivelé, son état, la présence ou non de bas côtés, les paysages et à faire remarquer aux filles la présence d’une école, d’un vélo utilisé par 4 personnes à la fois…

La traversée de Guatemala City nous prend 3h coincés dans le traffic dense, nous prenons tous sur nous. Ce passage nous confirme qu’une entrée dans la ville doit vraiment être préparée, nous n’aimons pas les villes en vélos et là cela aurait juste été impossible. Nous aurions probablement du nous arrêter pour prendre un bus ou un pick-up.

Arrivés à Antigua, Lilian monte tout de suite sur le toit du bus pour aider le conducteur. Pendant ce temps là je mets les filles près d’un poteau électrique en leur demandant de ne pas bouger le temps que je réceptionne les affaires qui descendent du toit du bus. Les filles ont impressionné tous les passagers du bus à être restées si sages pendant tout le trajet. Pendant que j’attrape le premier vélo, une américaine me félicite pour la bonne tenue des filles. Les sacs défilent et passent de bras en bras. Un homme s’approche de moi en me demandant quel est notre hôtel. Tout va très vite, je lui fais signe que je suis occupée et que ce n’est pas le moment.

Ca y est, tout est à terre. Lilian arrive vers moi avec le bonhomme qui m’avait abordé précédemment; il ne lâche rien ! Nous lui avouons que nous avons des adresses mais que rien n’est réservé. Tout content il nous dit : « je vais vous trouver un hôtel, Antigua est très visité en ce moment et ce n’est pas évident de trouver une chambre, je connais très bien les hôtels… » Nous sommes sonnés par le bus, nous nous laissons guider. Lilian reste avec les filles et notre matériel sur place et je pars à pied avec Eddy à la recherche d’une chambre d’hôtel.

Arrivés à Antigua, il faut trouver un toit
Arrivés à Antigua, il faut trouver un toit

Nous rentrons dans une maison en rentrant par une porte de garage du s’avère donner sur un séjour plongé dans l’obscurité. Il appelle une dame qui sort d’une petite pièce et elle lui indique l’étage. Il me présente une chambre à la propreté plus de louche (nous commençons à être habitués) qui donne sur une terrasse ou errent 4 ou 6 personnes. Cela ne s’avère pas être un endroit très calme… ce qu’il me sauve c’est qu’il n’y a pas de place pour mettre les vélos. Nous enchainons 4 autres hôtels qui annoncent ne pas avoir de place. Finalement nous arrivons à l’hôtel Camposeco où il y a de la place, une chambre avec 3 lits doubles et de la place pour les vélos. La jeune fille est toute gênée car elle ne sait pas si elle peut accepter des enfants… Eddy semble négocier avec elle.

Nous retrouvons Lilian et les filles. Les routes d’Antigua sont toutes pavées et il y a du traffic à cette heure-ci, nous poussons les vélos jusqu’à l’hôtel. Notre radar à arnaque est à son maximum. Nous nous méfions de tout. Eddy est oppressant, il souhaite nous aider à arranger notre séjour sur place : bus pour aller au lac, bus pour se rendre au Nicaragua… nous avons besoin d’air et lui donnons RDV une heure plus tard le temps de tout décharger et de tout monter à l’étage.

Plans pour la suite

Nous tenons à voir le lac Atitlan et nous y ferons un saut en bus en laissant nos affaires à Antigua. De plus nous prévoyons de ne pas traverser le El Salvador et l’Honduras en vélos, dans un premier temps pour une question de sécurité dans un deuxième temps pour « rattraper » notre retard et ainsi ne pas perdre de vue notre destination finale qui est la Patagonie.

La sécurité au El Salvador et en Honduras n’est pas très claire, il est très probable qu’il ne nous arrive rien en traversant les pays car nous sommes loin d’être les seuls sur cette route, nous ne roulons pas de nuit et dormons  toujours en lieu sûr. Il est cependant toujours un peu anxiogène d’entendre les mauvaises aventures des uns et des autres et ceci nous a refroidit il y a quelques semaines déjà. Néanmoins nous ne perdons pas de tête d’un vol ou une agression peu arriver n’importe où. Il suffit d’être au mauvais endroit au mauvais moment.

Nous passons tout de même un peu de temps sur nos cartes pour étudier un éventuel trajet. Il nous prendrait, dans les meilleurs des cas 15 jours. Nous discutons avec les locaux Guatemaltèques qui nous affirment que sur la côte il y a de très belles plages et c’est top pour le surf mais que cela sera tout aussi bien au Nicaragua et au Costa Rica… le fait de « gagner 15 jours » nous tente bien aussi.

Nous cherchons alors une solution pour partir du Guatemala et rejoindre directement le Nicaragua. Nous avons repéré un bus qui part de Guatemala City et qui va directement au Nicaragua. Nous avons donc cette option en tête. Le seul hic c’est qu’il faut aller à Guatemala city et trouver des boites pour emballer les vélos dans des boites… cela ne nous enchante qu’à moitié.

Une heure après nous avoir quitté, Eddy est de retour, près à nous vendre tous les trajets en bus dont nous avons besoin. Il passe quelques coups de fils, semble négocier… il nous propose des billets pour Léon, Nicaragua avec un départ à 2h du matin pour dans 2 jours. Nous arriverons sur place en début d’après-midi. Il fait valider avec une photo que toutes nos affaires pourront bien être montées à bord. Tout est validé pour 79$US avec l’achat de 3 tickets (les filles peuvent partager une place). Le bus ne sera pas aussi gros que celui de l’agence TICA Bus mais le départ directement d’Antigua et surtout le fait de ne pas avoir à emballer les vélos sont des solutions à nos (petits) problèmes de logistique. Nous lui demandons tout de même de nous laisser réfléchir et que nous reviendrons vers lui rapidement. S’il est capable de nous trouver ce shuttle il doit y avoir moyen de négocier les prix.

Antigua
Antigua

Les rues d’Antigua croulent sous les agences de voyage qui vendent toutes les mêmes shuttles touristiques avec les mêmes destinations et les mêmes horaires mais n’appliquent pas tous les mêmes prix. Nous faisons baisser les prix et rappelons Eddy qui finit par s’aligner sur notre prix. Pour une fois que nous jouons un ce jeu, nous sommes satisfaits.

Antigua

Nous profitons donc de notre jour à Antigua pour faire un tour de la ville et nous mêler à la foule amassée pour voir passer la procession qui célèbre l’entrée dans le carême. Les figurines sont pleines de couleurs, les hommes et les femmes sont séparés. Rares sont les occasions où les femmes et les hommes sont ensemble. Les hommes se relaient pour porter ce que nous appellerons un char. Il y a un groupe du musique qui envoie les décibels. Les rues sont en fête pour notre plus grand bonheur.

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Antigua nous projette hors du Guatemala que nous avons traversé. Nous avions été prévenus : « Vous allez voir Antigua est tellement différente de tout ce que vous avez vu voir au Guatemala ». Nous n’avons pas tout vu, loin de là mais en effet il y règne une certaine harmonie et une propreté à laquelle nous ne sommes plus habitués. De nombreuses enseignes occidentales sont présentes : Banana Republik, The North Face pour n’en citer que deux. C’est bien parce que les touristes qui vont avec sont sur place ! Nous voyons afficher pour la première fois depuis notre départ de la Riviera maya des prix en US$. La ville est belle, elle présente de beaux monuments  mais elle donne un peu le tournis.

Direction le Lac Atitlan

Nous laissons nos vélos, cabrioles et sacs à l’hôtel. Nous décidons de ne pas jouer plus au touristes pour aller au lac et prendrons le Chicken Bus local, nous payerons alors 2 fois moins chers nos billets et aurons le plein d’émotions. Le seul bus local direct qui relie Antigua et Panajachel (ville sur le lac la plus proche d’Antigua) est le matin à 7h00. Alors que nous attendons au mauvais coin de rue un homme nous aborde et nous dit : Pana? Pana? Aqui !!… et nous fait signe de le suivre. Nous sommes loin d’être au bon endroit en effet. La gentillesse des Guatémaltèque ne cesse de nous surprendre.

Nous montons à bord de ce magnifique Chicken bus (ancien school bus américain en retraite dans les pays chaud). Il a été totalement repeint et s’appelle « Rebulli », il en jète! Nous avons la chance de monter dans les premiers et avons une banquette de 2 personnes pour nous 4, les filles sont sur nos genoux. Alors que nous nous installons le chauffeur et son copilote ouvrent le moteur et y jette de l’eau qui s’évapore immédiatement.

Les premiers mètres sur les rues pavées d’Antigua nous surprennent, ça saute dans tous les sens, nous nous arrêtons très régulièrement pour faire monter et descendre des personnes et en un rien de temps le bus est plein de touristes (oui quand même), d’écoliers, de locaux qui embarque pour tout ou partie du chemin… enfin disons qu’il n’y a plus de place « officielles » libres. Car nous continuons à nous arrêter au gré des bras qui se lèvent sur le bord de la route. Nous sommes six de front par rang avec les deux personnes au milieu qui ont une fesse sur la banquette et l’autre dans le vide. Elles se retiennent mutuellement.

Notre copilote est extraordinaire, à chaque intersection en milieu urbain il saute de la marche courre faire la circulation pour que notre bus puisse passer puis courre à nouveau pour nous rattraper. C’est un petit homme de facilement une soixantaine d’années tout sec et plein de peps. Quand il y a assez de nouveaux passagers qui sont montées à bord il se faufile à travers les rangs bondés pour récolter le montant du trajet. Il a une liasse impressionnante de billets qu’il manie avec une très grande dextérité.

Nous passons par Chimaltenango, une petite ville pleine de vie. Des vendeurs de fruits, de tortillas et de boissons fraiches montent à bord du bus par la sortie de secours qui est à l’arrière. Ils remontent les rangs en proposant leur services puis redescendent en route par l’avant.

La route commence à être moins urbaine, nous enchaînons les virages en lacets. Nous sommes projetés un coup à droite un coup à gauche. Comme nous sommes bien tassés l’exercice d’équilibre n’est pas trop difficile mais il demande tout de même pas mal d’attention.

La route qui descend jusqu’au lac est très raide (c’est en partie pour cela que nous avons décidé de partir en bus). Quand nous commençons la descente nous sentons les freins qui chauffent, nous sommes près d’une des roues arrières et sentons aussi les amortisseurs qui ont des kilomètres dans les jambes. Arrivés à mi-chemin de la descente nous nous arrêtons pour arroser les roues et le moteur… tout est normal !!

Nous aurons donc mis 3h30 pour faire 66km qui ressemblaient à un manège à sensations fortes.

Lago Atitlan
Lago Atitlan

Le lac est magnifique, cela valait bien le détour ! Les volcans bordent cet étang au calme seulement troublé par quelques bateaux qui rallient Panajachel à San Pedro et San Marco. Nous y resterons une nuit et reprendrons le même bus dans le sens inverse le lendemain.

Retour à Antigua

Comme le bus nous a laissé à 10h30 la veille, c’est a cette même heure qu’il faut se présenter à l’arrêt pour rentrer sur Antigua. Toujours le même chauffeur mais on change de copilote. Cette fois ci il y a beaucoup moins de monde et le trajet est beaucoup plus sportif. Nous sommes sur deux banquettes différentes. Lilian est avec Liv et moi avec Tess.

Au début Tess jouait à se tenir debout toute seule dans les virages, elle ne peut pas le faire longtemps et fini par s’agripper à moi.

Il fait une chaleur étouffante alors Lilian a ouvert la fenêtre devant lui, Liv se retrouve à prendre des grands coups d’air. Dès que la route est plus « rectiligne » on pourra fermer la fenêtre mais dans les virages il faut tenir bon.  On s’amuse bien, c’est sur !

Nous arrivons à Antigua un peu barbouillés, nous retournons à notre hôtel pour préparer nos affaires car le bus pour le Nicaragua passera nous prendre à 2h du matin.

Préparation d'un long voyage en bus vers le Nicaragua
Préparation d’un long voyage en bus vers le Nicaragua

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