Nouveau départ en Bretagne

Vendredi 20 mai – Nous l’avons décidé, après 4 jours coincés nous décollons du camping de Nevez aujourd’hui. La réparation de la roue de la carriole que Lilian a fait nous permet de mettre les voiles, néanmoins nous savons que la roue que Thule nous a expédié doit arriver dans la journée. Nous rangeons notre camp sans se presser pour donner une chance au livreur TNT d’arriver avant notre départ.

11h30, le camp est démonté et il pleut. L’humidité et la fraicheur de l’air ne nous permettent pas de se réchauffer. Nous trouvons refuge dans la cabane qui fait office d’accueil au camping. Liv et Tess ont le plaisir de découvrir les aventures d’Astérix et Obélix en BD. Nous profitons d’une éclaircie pour prendre notre pique-nique et nous préparons (doucement) à partir. Nous faisons trainer autant que possible mais à 15h30 nous décidons qu’il faut partir. La propriétaire du camping n’en revient pas de nous voir encore dans les parages. Elle a nos coordonnées, quand la roue arrivera elle nous préviendra. Nous prévoyons de refaire un crocher avec notre van à la fin de notre tour de Bretagne en vélo pour aller la chercher.

15h45 – Départ du camping. Il ne faut pas attendre plus de 15 minutes avant que nous recevions un coup de fil du camping : « Vous n’allez pas me croire mais la roue vient d’arriver. Où êtes vous? Je vous l’apporte. » Superbe ! Nous nous étions justement arrêtés au premier carrefour car le plastique de la carriole continue à frotter sur la roue. Nous installons un mousqueton relié au haut de la carriole par un tendeur pour remonter le bas de caisse. Une fois la nouvelle roue fixée sur la planche de surf nous prenons enfin la route vers Benodet qui est à une trentaine de kilomètres de là.

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Ce n’est pas la pluie que nous avons à affronter mais une fine bruine glaciale. La montée sur Fouenant nous réchauffe et finit même par avoir raison de nous. Nous finissons les quelques mètres en poussant la cargaison.  Nous ne longeons pas la côte et passons à travers les forêts, la route est tout ce qu’il y a de plus monotone. C’est sous la pluie et sans réel plaisir que nous arrivons à Bénodet. Nous n’avons rien vu que du brouillard et du goudron. Il y a des jours comme ça… Une fois la tente vite montée nous nous entrons dans une pizzeria pour mettre un peu de chaleur et de plaisir dans cette journée.

Samedi 21 mai – Réveil avec le chant des oiseaux et une lueur de soleil. Constat : il ne pleut plus, il fait 13 degrés et tout a bien été rincé pendant la nuit. Ca ne tente pas les filles de courir dans l’herbe mouillée, elles se mettent à l’abri de la bâche pour faire quelques dessins.

Nous sommes refroidit par le journée de la veille et décidons de monter à Douarnenez en passant par Quimper, ainsi s’il pleut nous pourrons « facilement » trouver refuge en ville et quitte à voir du goudron et bien au moins nous trouverons (peut-être) un peu de vie dans les villes. Le gérant du camping nous déconseille cet itinéraire et nous oriente vers la pointe de la Torche. «  C’est sauvage, vous allez aimer. Et en plus c’est un super coin pour le Surf ». Il y avait dans sa phrase suffisamment d’arguments pour nous décider à changer le plan initial. Malgré la pluie qui commence à tomber sous nos premiers coups de pédale nous sommes enthousiastes à l’idée de trouver un peu de « nature » car depuis notre départ de La Baule nous avons l’impression de passer d’un lotissement à un autre. Toute la côte est très construite. Nous avons du mal à apprécier le temps sur les vélos.

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Au départ de Bénodet nous faisons nos courses pour la journée. A court de carburant pour notre réchaud nous profitons de la station essence du supermarché pour remplir notre bouteille d’essence. Déconnectés de l’actualité nous sommes loin de savoir que la pénurie d’essence est redoutée en Bretagne. La queue de voiture qui se ruent à la pompe et les grands titres des journaux nous mettent rapidement à jour. Lilian demande au gérant de la station qui garde un oeil attentif au balai de voitures s’il peut remplir la bouteille d’essence malgré l’interdiction des bidons à la pompe. « Il n’y a pas de problème monsieur ! ». Malheureusement 9 personnes sur 10 attendent pour prendre du diesel. Après un épisode désagréable avec un homme qui a refusé de remplir notre bouteille de 75cl et 1h d’attente nous repartons. Il est 12h et nous n’avons fait que 2 kilomètres.

Nous passons par Combrit, lieu où j’ai passé la plupart de mes étés en colonie entre les 5 et 15 ans. La route de Bénodet reste dans mes souvenirs et je sens que je suis capable de retrouver le grand champ de mon enfance. Un rond point après l’autre nous continuons sur notre lancée en ligne droite jusqu’à la petite maison qui me dit quelque chose. Lilian derrière me lance « mais non c’est tout droit ». « Attends je crois que c’est juste là… Bingo ! » Les champs qui entouraient le camp sont remplacés par un complexe sportif et une médiathèque mais les bâtiments n’ont pas changé : dortoirs, réfectoires, douches… Je retombe en enfance quelques minutes. La pluie ne m’empêche pas de savourer ce moment. Une voiture s’arrête à notre hauteur et le conducteur nous demande si nous cherchons un endroit pour dormir. C’est que nous n’avons pas avancé de la journée… Nous discutons assez longuement avec lui avant de prendre congé pour faire défiler les kilomètre. C’était super agréable de se faire interpeller ainsi : Merci à toi si tu nous lis !

Après une première partie sur la route principale sous la pluie nous rattrapons la côte par Guilvinec. Enfin une partie de route littorale proche de la mer que nous pouvons emprunter avec nos vélos. Nous prenons notre première douche naturelle à l’eau de mer grâce au vent qui nous souffle en pleine face en arrivant du large. Si nous n’étions pas certains d’être mouillés nous le sommes maintenant, mais cela n’est (presque) pas désagréable.

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Avant la douche d’eau de mere
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Après la douche d’eau de mer

La pointe de la Torche n’est plus très loin, compte tenu de la météo nous ne sommes pas à la recherche de la plage. Cependant une série de transporteurs avec des planches sur le toit attirent notre attention. Le spot est là ! Nous prenons la première à gauche au moins pour nous arrêter sous les beaux pins du parking qui nous offrent un abris en filtrant la pluie. Lilian saute de son vélo et coure jeter un oeil aux vagues. Toutes les conditions sont réunies sauf qu’il fait vraiment trop froid pour que nous restions, nous les filles, sous ces arbres trop longtemps. Tant pis ce ne sera pas une journée de surf.

Le camping qui est à quelques kilomètre semble nous attendre. Nous sommes les seuls clients du jour avec une arrivée à 18h30 nous restons les seuls. La gérante a de la peine de nous voir dormir dehors, elle nous sort une table et des chaises qu’elle place sous le porche d’un mobile-home pour que nous puissions au moins être à l’abris le temps du repas. Contrairement à ce que les gens pensent nous dormons dans le plus grand des conforts dans notre tente. Nous sommes au chaud dans notre cocon, toujours au sec. Notre investissement initial dans notre équipement s’avère être très rentable. Le plus dur est de sortir de la tente le matin quand il fait froid et humide mais on s’en remet vite.

Dimanche 22 mai 2016 – Nous prenons le petit déjeuner sous un rayon de soleil, sincèrement nous n’espérions pas tant.

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Enfin du relief

Un peu déprimés la veille à constater que sur la carte notre avancée n’est pas fameuse. Le compteur annonce une soixantaine de kilomètres mais en ligne droite cela représente 25km. Décidés à « avancer » aujourd’hui nous traçons « tout droit » vers Douarnenez en visant une  fin d’étape à Locronan.

Après une dizaine de kilomètres de plat nous attaquons une région pleine de reliefs et de surprises. Les routes sont magnifiques, le relief nous redonne du plaisir à être en selle. Nous avons l’impression de ne plus avancer à l’aveuglette sur un terrain plat qui ne laisse que peu de visibilité. Un fois en hauteur, le clocher du prochain bourg est en ligne de mire. La pluie ne nous arrête pas, nous traçons la route comme nous aimons tant le faire. Nous nous abritons du vent sous le porche d’une église le temps d’un pique-nique éclair puis nous entrons dans Douarnenez par le Port pour voir les bateaux.

Nous avons le plaisir d’être tombés le bon jour, une manifestation associative propose des animations pour les enfants. Liv et Tess bondissent de leur carriole pour sauter dans le manège breton puisque les chevaux sont remplacés par des poissons et baleines. Le tour dure une vingtaine de minutes, ce qui nous a laissé du temps pour bavarder avec différentes personnes curieuses de nos embarcations. Après presque 2 semaines où nous avions l’impression d’être totalement marginaux, nous rencontrons des personnes qui sont fascinés par notre voyage. Merci à vous pour nous avoir abordés. Vous vous reconnaitrez.

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La mauvaise nouvelle du jour est qu’une fois sur le port il nous faut remonter jusqu’au bourg pour rattraper notre route. Les villes portuaires sont loin d’être sur un relief plat ici. Alors que nous profitons de la vue sur mer que nous avons et de la belle éclaircie une montée de 60m se dresse devant nous. Oui nous aimons le relief mais nous n’aimons pas être pris par surprise. Nous ne nous y attendions pas… Ca monte raide puis on redescend tout aussi raide avant de remonter encore une nouvelle fois… Les 15 km pour arriver à Locronan sont néanmoins très agréables, nous avons vue sur la mer à gauche et sur les champs de blé à droite.

Nous mesurons notre chance d’être hors saison en voyant le nombre de places de parking disponibles à l’entrée de la ville. Cette petite citée de caractère nous ouvre ses portes en toute intimité, quelques badauds finissent leur visite avant que le ciel ne lâche ses sceaux d’eau. Dernière montée et nous nous installons au camping, nous visiterons la ville demain avant de partir.

Nous avons juste le temps de monter le camp avant que nous essuyons une nouvelle averse. Une fois de plus nous sommes les seuls sous tente. Le gérant nous invite à venir manger sur la terrasse du snack qui est fermé. Encore une de ces petites attentions qui nous comblent de bonheur !

Le lendemain matin, Locornan nous offre sa plus belle facette avec une place totalement déserte et une très belle lumière. Nous nous sentons privilégiés de pouvoir être là tous seuls.

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Nous fêtons cela avec un pain au chocolat tout chaud que nous savourons sur une estrade dans un coin de la place. Il n’a pas fallut attendre longtemps avant qu’un car de touriste ne débarque et que le guide viennent se mettre sur « notre » estrade pour faire son arrêt. Nous voici assis avec devant nous une trentaine de retraités qui nous regardent avec le sourire aux lèvres. On sent qu’ils aimeraient nous poser la fameuse question : « Vous allez où ? »… Certains messieurs plus intéressés par nos montures que par les explications de leur guide n’hésitent pas à observer notre équipement. Nous nous faufilons hors du cercle avec discrétion, ceci donnent alors l’occasion à ceux à l’arrière du groupe de nous poser les questions qu’ils avaient eu le temps de préparer.

La route devant nous n’est plus plate du tout, on monte et on descend. Les températures ne sont pas bien hautes (autour de 13 degrés) il y a aussi pas mal de vent et la pluie peut s’inviter à l’improviste, c’est donc dans nos pantalons étanches et nos vestes de pluie que nous commençons la journée. Difficile de régler la température dans nos tenues de cosmonautes. Quand ça monte on a chaud et quand ça descend on se refroidit. Celui qui est devant avec la carriole fournit le plus d’effort et a donc le plus chaud, l’autre dernier plus « tranquille » a plus rapidement froid… cela nous prend quelques jours pour trouver la combinaison qui va bien pour l’un et l’autre.

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Ce jour là nous voyons nos premières grandes plages de sable par marrée basse et nous en prenons plein la vue : chars à voile, plage de surf, châteaux de sables… tout y est dans cette même journée. Nous avons pleine liberté de notre planning et quand au détour d’un virage nous voyons des surfeurs dans l’eau nos guidons tournent d’eux même vers le parking. Nous sommes toujours dans nos tenues de cosmonautes et mettre les pieds dans l’eau nous semble totalement non-raisonnable mais quand on n’aime on ne regarde pas la température de l’eau (enfin pas tout de suite). Lilian saute dans sa combi et coure (loin) vers la mer. En haut de plage les filles font des châteaux de sables pendant que je repose mes cuisses qui ont bien chauffées ce matin.

Nous ne sommes plus loin de Camaret. Des cyclotouristes du Mont de Marsan que nous avons croisé dans la journée nous ont informé qu’un ferry permettait de traverser la baie pour aller à Brest. C’est une superbe nouvelle, cela nous évitera une journée assez longue et nous pourrons ainsi aller à Océanopolis pour le plus grand plaisir des filles.

Depuis la plage, dernière montée pour aller jusqu’à Camaret puis ça redescend très raide. La journée aura été très fatiguante mais le paysage que nous avons devant nous, sur ce port de Camaret en vaut vraiment la chandelle. Il est 18h00 et la luminosité rend le moment spécial. La marée haute recouvre tout le sable et les bateaux qui flottent nous offre une légère dense de bienvenue.

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Quoi qu’il arrive il nous faut remonter toute la colline pour trouver un camping. Nous décidons d’aller directement au Fret, port d’embarquement du ferry pour Brest. C’est pas l’option la plus courte pour finir cette journée mais ainsi le lendemain nous serons déjà sur place. Le camping du Frêt est le plus bel endroit où nous ayons planté notre tente sur notre tour de Bretagne. Nous avons l’impression d’être suspendus dans le vide au dessus de l’eau. Le coucher du soleil est magnifique et même si nous n’avons qu’une dizaine de degré au thermomètre nous sommes les plus heureux.

4 commentaires

  • ici à Limoges arrive pour 2 jours le Tour de France, beaucoup de monde dans les rues c’est moins ‘exotique’ que votre périple mais enfin bref aurez vous la chance de les voir sur votre parcours ?
    nous vous souhaitons une bonne route !
    courage et bisous à vous 4
    profitez des joies du camping car ils arrivent ce week end (les touristes)

  • très heureux de retrouver votre plume les enfants !! :-))
    Locronan, Camaret ….souvenirs !
    La Bretagne est vraiment une magnifique région !
    Merci pour ce récit et ces belles photos (même si on voit que vous vous faites rincés qqles fois:-))
    Profitez !!!!
    on vous embrasse

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