Tour des Cornouailles à vélo

En quittant la chaleur de l’Amérique Centrale fin avril, nous pensions que notre décision de poursuivre notre aventure cycliste en Europe nous permettrait de rouler pendant un été sans fin. Nous nous sommes alors élancés sur le tour de Bretagne et avons vite été refroidi, dans tous les sens du terme… Autant dire que nous sommes près pour l’Angleterre !

Le 15 juin nous embarquons dans le ferry qui nous conduit de Roscoff à Plymouth. Nous repassons donc « à l’étranger », heureux et excités de quitter la France qui matérialisait trop bien une zone de confort dans laquelle nous nous ennuyons facilement.

That's a big boat !
That’s a big boat !

Un bout d’Europe en vélo-van

En choisissant de rouler en Europe, nous avons aussi décidé d’acquérir un nouveau mode de voyage, le « vélo-van« . Le vélo-van c’est choisir de ne rouler que les circuits qui valent la peine en s’affranchissant des longues étapes de transition et offrir à notre unité familiale un camp de base où nous ressourcer entre les étapes de vélo. Récupéré à notre descente de l’avion, notre van nous a amené en Bretagne où il nous a patiemment attendu pendant un mois. Ce n’est qu’après l’avoir retrouvé que nous arrivons au Royaume-Uni.

Nous avons rendez-vous sur la côte nord du Cornwall chez un prestataire qui va modifier notre van pour le rendre plus « habitable » : installation d’un toit relevable offrant un couchage pour les parents pendant que les filles dorment dans un lit aménagé sur les banquettes, et modification des sièges conducteur et passager pour les rendre pivotant. Le van est donc au chaud pendant quelques jours et nous nous élançons le 16 juin sur les routes Anglaises, le temps des travaux.

A nous les petites Anglaises !

On nous a prévenu, les Cornouailles, c’est raide ! Il nous suffit d’attendre le dixième kilomètre de notre première journée pour constater que, cette fois ci, on ne nous a pas menti. Les Cornouailles ne sont pas raides, elles sont fu*$%$! raides ! Quand on a de la chance les pentes sont entre 10 et 15%, le reste du temps c’est entre 17 et 20 %, et nous le vérifierons tous les jours pendant une semaine.

Même Roger et Glane, nos hôtes warmshowers qui nous ont accueilli comme des rois le premier soir nous l’ont dit :

« Si vous savez rouler dans les Cornouailles, vous pouvez rouler partout dans le monde ! »

Ou encore ce propriétaire de camping :

« Avant je faisais du vélo, mais maintenant que j’habite ici j’ai abandonné, c’est trop dur. »

Nous avons été bien inspirés de passer sur des grands pignons de 34 dents avant de prendre le ferry. Nous étions sur des 32 pour l’Amérique Centrale. Ici dans les Cornouailles, aucune pente n’aura raison de nous !

- « How do you do to climb those hills? » nous lance une dame

- « We push hard !! » … et le diamètre de nos cuisses s’agrandit proportionnellement.

Cependant, dès les premiers kilomètres nous sommes sous le charme. Pendant les trois premiers jours nous longeons la côte par le Nord. Nous roulons dans des tranchées au fond desquelles d’anciens chemins ont été bitumé. Au fond de ce canyon miniature il est impossible de croiser une voiture, même pour nous à vélo ! Les murs qui se dressent de chaque côté dégueulent de fleurs et de verdure. Si la main de l’homme n’intervenait pas régulièrement pour tailler cette jungle, le passage des véhicules serait rapidement interrompu.

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La côte Nord

Sur la côte nord, le relief consiste en une alternance de plateaux entrecoupés de plages où on arrive par une descente raide et que l’on quitte par une côte dont on ose pas regarder le pourcentage. Au sommet de chaque ascension nous découvrons un patchwork de champs à perte de vue. Lorsque la route se rapproche suffisamment du bord des falaises nous pouvons admirer le combat incessant que l’océan livre à la roche noir et froide. Les plages que nous croisons nous offrent un beau point de vue sur l’océan inhospitalier, où les vagues cassent aléatoirement dans un véritable chaos.

Au bout du troisième jours nous décidons de marquer une pause dans un camping dont on ne nous a dit que du bien. Nous plantons donc la tente au Trevedra Holiday Park pour deux nuits. Lorsque nous nous installons il fait presque bon et nous profitons même d’un peu de soleil. Le temps se couvre en fin de soirée jusqu’à ce qu’un épais brouillard envahisse le champ, réduisant la visibilité à une dizaine de mètres, c’est alors que la pluie se met à tomber. Le temps restera ainsi pendant 30 longues heures.

30 heures de pluie et de vent non-stop, difficile d'avoir un sommeil reposant.
30 heures de pluie et de vent non-stop, difficile d’avoir un sommeil reposant.

Nous passons la matinée entière sous la tente, qui est parfaite pour dormir mais pas pour y « vivre ». Les filles comprennent que nous n’avons pas d’autre choix et elles jouent dans un calme à peine croyable. L’après-midi nous partons nous réfugier dans le café du camping et rejoignons la tente après le repas du soir. Il pleuvra jusqu’au lendemain matin. Même la tente n’en peut plus, quelques gouttes sont apparues pendant la deuxième nuit. Nous quittons le camping dans un brouillard à couper au couteau, avec comme objectif la côte sud.

La côte Sud

Si la côte Nord nous offrait quelques plateaux pour nous remettre de nos ascensions, au Sud c’est une autre affaire. Ici pas de plateaux, que des collines ! La déclivité, elle, ne faiblit pas. Une journée de vélo ici se résume à une alternance de montées et de descentes.

Nous sommes moins proches de la mer mais nous continuons de traverser régulièrement de très beaux petits villages. De la vieille pierre, des pubs aux intérieurs sombres, des noms de maisons romantiques, etc. rien ne manque à tout ce qu’on pouvait attendre de l’Angleterre, nous sommes ravis !

Le sixième jour nous marquons une journée de pause pour une journée où enfants et parents profitent des uns et des autres. Sur les conseils de Ian et Jane, une magnifique rencontre warmshowers faite quelques jours auparavant, nous nous rendons à Eden Project. C’est un jardin dans lequel ont été reconstitué, entre autres, les climats méditerranéen et tropical dans d’immenses bulles. Nous sommes surpris de voir à quel point les filles adorent la visite. La bulle tropicale sera le clou du spectacle pour elles : « Regarde c’est les mêmes arbres qu’on a vu en Amérique Centrale ! J’aimerai bien habiter dans cette bulle moi !« .

Eden Project
Eden Project

Le septième jour nous clôturons notre boucle dans les Cornwall et retrouvons notre van dont l’aménagement est achevé. En une semaine, nous avons parcourus 250km, 3000m de dénivelé et la météo ne nous a offerte qu’une seule journée sans pluie. Nous sommes donc tous excités à l’idée de passer notre première nuit dans ce nouveau camp de base où nous serons au chaud et au sec !

Mauvais temps mais belles rencontres

Si la météo a été contre nous, nous avons de très belles rencontres. Grâce au réseau warmshowers tout d’abord, qui nous a permis de faire la connaissance de Ian et Jane, Roger et Glane et Robert et sa famille. Egalement Nico, cyclotouriste néerlandais avec qui nous avons roulé une journée. Enfin tous les Anglais qui sont venus à notre rencontre, qui nous ont envoyé leurs encouragements dans les côtes ou qui se sont garés en double file pour nous dire combien notre convoi les inspirait.

Nous allons passer une petite semaine dans le van pour remonter plus au Nord, où nous reprendrons les vélos pour une nouvelle boucle que nous n’avons pas encore dessinée. Nous espérons que la météo finira par être de notre côté. Comme nous le rappelle souvent notre ainée « On est jamais content, quand on a chaud on veut du froid et quand on a froid, on veut du chaud !« 

12 commentaires

  • We met on our trip to st Ives. In the pouring rain. Cold and wet.
    It was my last trip before reaching my goal the next day in Lands end.
    I am priviliged to have met you. I think you are doing amazing.
    Since then i am not a « jersey biker » anymore and planning my next trips.
    Stay well, and stay safe. All the luck for the rest of your amazing journey.

    Nico from Holland.

  • Coucou ! Je viens de rattraper mon retard en lisant tous les épisodes passés en Bretagne. Visiblement l’accueil est plus chaleureux en Angleterre (ouf ! le brexit n’est pas dans toutes les têtes ou les coeurs…).
    Bonne route en vous souhaitant un meilleur temps ( on le subit nous aussi en Sarthe sauf qu’on ne pédale pas!).
    J’ai bien ri à propos de Lilian babacool ! Charlotte as-tu mis quelques fleurs sous ton casque ? En tout cas les filles en décorent les cartes géographiques…

    Bises admiratives !

  • Nous sommes tombés par hasard sur votre blog, quelle chance !
    Un immense merci pour ce fantastique récit ! On emmagasine tous les bons conseils et retours d’expérience oh combien précieux pour notre tribu en préparation d’une aventure familiale telle que la vôtre dans 1 an !!! Vous êtes passés très près de chez nous en Bretagne, zut, ça aurait tellement chouette de vous rencontrer ! En espérant qu’une nouvelle chance se présente dans le futur !
    Belle continuation !
    Les Amerikuntz

    • Bonjour !
      Désolé de cette réponse tardive. N’hésitez pas à nous écrire si vous avec des questions !
      Il n’est pas impossible que nous passions en Bretagne à la fin du mois d’août. Dans quel coin êtes vous ?
      Lilian

  • Liv et Tess doivent avoir leur tête bien remplie de merveilleuses images de l’Angleterre après l’Amérique centrale….
    Encore un article captivant…
    Merci !!!!

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