Road trip en Ecosse

L’Ecosse figure en tête de liste des pays dans lesquels nous voulons rouler dans cette deuxième partie d’aventure. En arrivant mi-juin à Plymouth, dans le Sud de l’Angleterre, nous avions discuté de notre idée de parcourir à vélo la « North Coast 500″ avec un couple de cyclistes chez qui nous avions passé la nuit. Ce parcours forme une boucle de 500 miles (800km) qui fait le tour de l’Ecosse. Si nous savions (mais n’avions pas encore expérimenté !) que la pluie est une constante, nous n’avions jamais entendu parlé d’un mal au moins aussi grand : les Midges ! Une sorte de petit moustique qui envahit l’Ecosse pendant l’été.

J’ai pris soin après cette discussion de demander systématiquement à toute personne avec qui nous échangions ce qu’il pensait d’aller pédaler en Ecosse et du risque de midges. Le moins qu’on puisse dire c’est que les Anglais sont tous cohérents sur ce sujet :

  1. l’Ecosse est magnifique,
  2. les midges peuvent vraiment vous faire vivre un cauchemar.

L’Ecosse oui mais comment ?

Tout ceci nous a beaucoup fait réfléchir sur le programme à tenir en Ecosse. Notre programme vélo / van a jusqu’ici bien fonctionné. D’abord le tour de Bretagne en un mois, puis un transfert en van pour une semaine dans les Cornouailles, et enfin un nouveau saut motorisé pour un tour de Snowdonia au pays de Galles.

C’est donc incertains que nous faisons route vers le nord. Nous marquons une pause à Edimbourg et découvrons avec plaisir la ville à vélo. Lorsque nous arrivons à Inversness, la principale ville des Highlands et point de départ de la North Coast 500. Nous faisons à ce moment là le constat suivant :

  • depuis que nous avons commencé à pédaler en Europe, le 10 mai, la météo a globalement toujours été contre nous. Les jours sans pluie se comptent sur les doigts d’une main et la moyenne des températures oscille entre 10 et 16 degrés,
  • nous allons rencontrer des midges qui vont nous obliger à nous enfermer dans la tente lorsque nous ne pédalons pas (le soir et le matin).

Une fois encore il est nécessaire de réfléchir à ce qu’il y a de mieux pour notre unité « famille ». Si les cyclistes que nous sommes sont prêts à relever le défi il nous semble que parcourir les 800km de cette magnifique boucle Ecossaise en vélo risque d’être peu appréciable pour les filles. C’est donc en « Road trip » avec notre van que nous nous élançons le 14 juillet sur la North Coast 500 !

Le mauvais temps nous attaque le moral
Le mauvais temps nous attaque le moral

En route !

Nous prenons la route avec un pincement au coeur de ne pas être sur les vélos mais heureux d’être à l’abris d’une nouvelle averse qui s’abat avec fracas sur le pare-brise. Notre première section de route nous emmène en 3 jours à John o’Groats, le point le plus extrême Nord-Est du Royaume-uni. La route est jolie mais nous nous demandons tout de même si on en fait pas un peu trop avec l’Ecosse. Cependant nous sentons que le meilleur reste à venir en arrivant sous cette latitude qui frôle la pointe Sud du Groenland. (!)

John o’Groats est très connu, entre autre pour être le point de départ (ou d’arrivée) d’un itinéraire cycliste très populaire, le LEJOG : Land’s End – John o’Groats. Nous sommes passé à proximité de Land’s End lors de notre tour à vélo des Cornouailles, il s’agit du point le plus extrême Sud-Ouest de l’île. Nous arrivons en fin d’après-midi et profitons de la sieste des filles pour observer depuis le van un groupe de cycliste se prendre en photo sous la plaque annonçant l’arrivée à cet extrême du pays. Nouveau pincement au coeur.

Les Ecossais ayant la bonne idée d’autoriser officiellement le camping sauvage, nous partons à la recherche d’un bel endroit pour passer la nuit. Un phare se détache à l’horizon. Lorsque nous y arrivons nous découvrons « le spot idéal » : un petit parking, perché en haut de hautes falaises et envahit de moutons que notre van ne semble pas déranger.

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Vue sur John o’Groats

 

Nous tirons ensuite plein Ouest. Rapidement les villages se font rares et les panneaux du type « Dernière station essence avant 50 miles » font leur apparition.

Même si nous avançons en van, nous prenons soin de faire des petites étapes, entre 50 et 100km par jour, tout en se réservant la possibilité de sortir les vélos. 2 jours après avoir quitté John o’Groats, la pluie cesse ! Nous sautons sur l’occasion pour repérer sur la carte une boucle de 80km sur une très petite route. Arrivés sur place la veille, nous installons le van dans la forêt et faisons notre première rencontre avec … les midges ! Ils sont peu nombreux mais suffisamment ennuyeux pour nous contraindre à l’isolement dans le van pendant toute la soirée.

Le lendemain matin nous sautons sur nos vélos, heureux de remonter en selle et serein de savoir que même si (quand) la pluie fait son apparition, nous serons au sec dans le van le soir venu !

Into the wild

Nous roulons a très bonne allure, délestés de nos sacoches. La route est très étroite et nous ne croisons presque aucune voiture. Ca y est, nous sommes dans cette Ecosse dont tous le monde parle. Après avoir longé un lac pendant près de quarante kilomètres, nous roulons sur une ligne d’asphalte tracée au milieu de rien. Nous n’en revenons pas, arrêté au milieu de la route nos têtes oscillent de droite à gauche et de gauche à droite, à la recherche d’une trace de vie humaine. Aussi loin que le regard porte, nous échouons à notre petit jeu. Pas une maison, pas une clôture, pas une antenne, pas un homme. J’imagine des traversées à pied de cette immensité qui serait certainement de véritables challenges tant physique que psychologique, le froid, le sol détrempé et l’attaque constante des insectes faisant intégralement parti du décor !

Pendant 40 autres kilomètres nous répéterons cet exercice. L’émerveillement est au rendez-vous de chaque coup de pédale. Au bout d’immenses marécages surgissent des montagnes usées par des millions d’années d’érosion et recouvertes d’une couette verdoyante. L’occasion rêvée d’expliquer aux filles le principe d’érosion par la friction des glaciers qui recouvraient la région lors de l’ère glaciaire.

Pendant cette journée nous nous livrons à un autre type d’expérimentation. Nous évaluons les vitesses des nuisibles de la région. A l’arrêt nous nous faisons attaquer par tout un tas d’insectes. Mais dès lors que nous sommes en mouvement nous les perdons à mesure que nous accélérons. Ainsi, la vitesse de croisière d’un midge ne dépasse pas les 10km/h. Les taons sont cependant plus affutés et arrivent à nous piquer jusqu’à 15km/h !

Un orchestre de musique classique n’aurait pas fait tâche lors de notre traversée du Nord-Ouest du pays. Les mots sont difficiles à trouver tant les paysages sont incroyables. On touche du doigt quelque chose dont nous n’avons pas l’expérience en France : la nature sauvage et intacte. La seule route sur laquelle nous roulons est minuscule, une seule voie ponctuée de zones de croisements. A chaque virage le paysage change, offrant un nouveau regard sur un géant rocailleux endormi sous son arc-en-ciel de verts, une plage de sable blanc léchée par des vagues turquoises, une vallée où aucun chemin ni route ne se rend ou encore un archipel de lacs déposés ici ou là.

Mais ces paysages ne seraient certainement pas aussi saisissants sans la météo Ecossaise. Les nuages filtrent les rayons du soleil en ne projetant que quelques taches de lumière qui offrent une palette de verts encore plus saisissante. Lorsque la pluie apparait à l’horizon, c’est sous forme d’un lourd rideau gris.

Tous nos lieux de bivouac ont été merveilleux mais celui que nous avons trouvé sur l’île de Skye remporte de loin la première place. Notre arrivée sur l’île a été gâchée par un ciel bas, mais lorsqu’au détour d’un virage nous trouvons une place où nous arrêter au bord d’une falaise, nous comprenons pourquoi cette île est présentée comme un incontournable de la région.

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Bivouac sur l’île de Skye

 

Le Nord-Ouest, paradis des Midges

Un autre soir nous ferons notre première « midges ». Nous nous installons près d’un ancien château, au bord d’un lac. En début de soirée, les midges font leur apparition. Je suis obligé de cuisiner avec mon buff sur la tête en guise de moustiquaire pour éviter de me faire piquer, et ma veste de pluie pour rester au sec. Je laisse à votre imagination la scène du petit coin… Malgré tout nous arrivons à passer une bonne soirée et la nuit fût bonne.

Ecosse, entre pluie et midges mon coeur balance.
Ecosse, entre pluie et midges mon coeur balance.

Alors que nous faisons route vers le Sud pour prendre le ferry qui nous emmènera en Irlande nous nous installons sur un parking discret et au calme pour passer la nuit au milieu de cette immensité qui nous domine depuis quelques jours. Les midges sont une fois de plus présent mais semblent peu nombreux. Le repas se passe bien, les filles s’endorment vite. Une fois le chapitre de mon livre terminé, et avant d’aller me coucher, je sors pour un dernier passage aux toilettes. En une fraction de seconde, je sens mon visage se recouvrir d’un voile qui me pique. Je plonge ma tête entre mes mains pour me débarrasser des parasites et saute dans le van. Charlotte, surprise de me voir rentrer aussi vite, allume le plafonnier : un nuage de midges a eu le temps de prendre possession de l’habitacle !

Plus une seconde à perdre, nous affalons le toit, installons les filles plongées dans un profond sommeil dans leur siège, bouclons nos ceintures et prenons la route. Nous ne savons pas encore où nous voulons aller mais « le plus loin possible » nous semble une excellente destination. Nous roulons fenêtres ouvertes pour chasser ou tuer, peu importe, l’envahisseur. Parfois nous les refermons pour mettre le chauffage au maximum et sécher les plus résistants. Après quelques minutes de ce petit jeu, le calme est revenu dans la voiture. Nous nous rappelons alors d’un parking sur une plage de la côte, 60km plus loin. Il est près de minuit mais peu importe. Nous roulons jusqu’à ce parking, en ville et en plein vent. Là c’est certain, les midges nous laisserons tranquille !

Alors que nous passons un de nos derniers bivouac Ecossais au bord d’un lac à l’approche de Glasgow, je me souviens de ce qu’un cycliste nous avait dit sur l’Ecosse : l’empreinte des paysages dans la mémoire de celui qui traverse reste, les piqures de midges disparaissent… Il avait raison !

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Dernier bivouac nature en Ecosse.
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Certains petits déjeuner ont une saveur particulière.

 

 

Un commentaire

  • Salut salut!

    Bon vous connaissez la régularité de ma connexion, du coup, j’ai tout lu d’un coup, la tempête, les midges, la crevaison, la pluie la pluie la pluie, la chasse au trésor…et ben vous allez l’air de vous régaler!

    Un peu triste d’entendre que vous vous prenez quelques klaxon tendus et peu de réponses à vos bonjour, je n’ai pas eu la même malchance que vous sur ma route l’an dernier… vu le coin où vous avez circulé, je me l’explique mal mais les gens sympas étaient peut être à la pêche, on va dire ça!

    Les photos sont toujours aussi réussies, ça me rappelle tous les coins que j’avais vus en camion il y a pas mal d’années déjà, des bons souvenirs! Et les midges, moins bon, mais ça fait partie du package. L’Ecosse ne serait pas l’écosse sans ça. Il y aurait des constructions partout, des clubs de vacances, des entreprises, des zones commerciales, l’urbanisation quoi! Ça a l'(énorme) avantage de préserver les lieux. S’il a avait plus de midges à Saint Tropez, on jouirait plus de la splendeur des lieux…

    Et vous êtes avec votre van donc? Vous faites des ballades en étoile, avec retour au cmaion, j’ai pas trop trop saisi?

    Bon compromis pour faire quelques pauses, c’est cool.
    Vers où vous dirigez-vous ensuite?
    Allez, plein de bisous à tous les 4, et bonne route!

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