Mardi 23 février 2016 – Après une soirée passée à échanger avec les personnes de notre hôtel à propos de notre voyage, nous passons une courte nuit rythmée par le ventilateur qui se trouve à quelques centimètres de nos visages pour tenter désespérément d’avoir un peu de frais. Debout à 5h ! En route pour de nouvelles aventures.

Nous commençons la longue montée (cependant douce) de 5km pour sortir de Managua. C’est une lutte contre le traffic, les piétons, les feux tricolores qui sont secondés par des agents de la circulation, le vent, la poussière, les entrées et sorties de cette voie principale qui est empruntée par tous genres de moyens de locomotion.

Nous nous efforçons à rester bien sur la droite de la route, à sortir nos bras pour annoncer nos changements de position sur les ronds points, à faire des sourires à droite et à gauche quand soudain… un troupeau de 10 cyclistes en lycra nous double comme des flèches se souciant que peu de la circulation et des panneaux, leur devise : le plus rapide à la priorité. Nous nous sentons soufflés mais un peu penauds avec notre chargement et notre si petite vitesse.

Eux, on ne les a pas vu arriver !
Eux, on ne les a pas vu arriver !

Puis arrive sur cette 2 fois 3 voies un homme sur son vélo, à contre sens… Notre vigilance et à son maximum !

A peine la sortie de la ville passée, le traffic disparait brutalement. Nous avons l’autoroute pour nous seuls, nous soufflons enfin ! Après une première partie montante arrive finalement une descente d’une vingtaine de kilomètres qui nous remonte le moral. Nous passons la ville de Masaya sans trop nous en rentre compte, nous roulons à plus de 20km/h.

Granada

Nous atteignons Granada en fin de matinée. Les premiers coups de pédale en ville nous ravissent. Il y a une certaine ressemblance avec Antigua au Guatemala mais encore plus colorée. Les rues invitent à la ballade. Nous arrivons sur la place principale ombragée entourée de bâtiments coloniaux colorés. Il règne ici un air de station balnéaire où nous retrouvons toutes les nationalités européennes et pas mal de nord-américains. A la vue de nos drapeaux tricolores nous pouvons entendre des « ah ils sont français »… « Regarde des français ! »…

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Un peu refroidit par l’expérience de la veille, nous avons réservé un hôtel sur Booking. Nous nous y rendons : accueil des plus froid, l’homme ne parle pas. Dans mon plus bel espagnol je lui demande de me montrer la chambre, c’est un réflexe nécessaire pour ne pas se retrouver totalement déçu. La chambre n’a aucune fenêtre et ressemble à un garage aménagé. Les peintures du patio sont sales et la zone derrière la chambre ressemble à un squat privé. Je remercie mon interlocuteur et lui fait signe que nous ne resterons pas ici. Comme il ne m’avait pas adressé la parole jusqu’à présent il n’est resté que fidèle à lui même.

Les hôtels, ce n’est pas ce qui manque à Granada. Comme nous sommes arrivés tôt sur place et que la piscine que nous avions promise aux filles la veille leur est passée sous le nez, nous nous arrêtons à l’hôtel Real Destino, complètement hors budget mais nous devrions pouvoir y avoir une nuit paisible.

Nous déjeunons sur la grande place qui nous a tapé dans l’oeil. Nous commandons la spécialité (et plat unique de notre hôte) sans savoir à quoi nous attendre. Nous avons la bonne surprise de recevoir dans notre assiette des légumes de toutes les couleurs associés à une salade de choux et carottes sur lesquels sont déposés des morceaux de viande fris. Tout cela est arrosé d’un jus de melon frais : nous nous régalons tous les 4.

A la rencontre de Dave

Depuis Granada nous prévoyons de nous rapprocher le plus possible de l’île d’Ometepe pour y faire un saut. L’ile est constituée de deux volcans dont un en activité, un endroit particulièrement apprécié pour ses plages et sa verdure.

Nous partons de Granada assez tôt et parcourons les 20 premiers kilomètres à travers de jolies collines. Il fait frais, la montée est douce dans son ensemble.

Arrivés sur la route principale qui longe le lac à l’ouest, nous faisons un arrêt pour changer de pilote et nous en profitons pour attraper quelques fruits fraichement coupés. Alors que nous savourons nos tranches de pastèque, papaye, ananas, melon et banane, un cycliste s’arrête à notre hauteur.

Nous poussons tous les trois des cris de surprise, contents de croiser un autre énergumène en notre genre. Il s’agit de Dave, il est américain et fait un bout de l’Amérique centrale en vélo. Nous décidons de rouler ensemble. Dave prend la tête du convoi et rapidement il disparait… nous ne pouvons pas suivre son rythme. Quelques kilomètres plus loin Dave s’est arrêté et nous sommes rejoins par une autre  cyclotouriste qui arrive du Sud. Il s’agit d’Adam de Dallas. Incroyable ! Notre unique rencontre depuis le début du voyage était Alain, près de Tikal au Guatemala. Nous discutons quelques minutes puis reprenons la route vers le sud.

Rencontre avec Adam et Dave
Rencontre avec Adam et Dave

Le vent est sorti à nouveau et il nous frappe en pleine face. Nous nous accrochons et laissons Dave prendre le devant. Il nous attend régulièrement et passe finalement à l’arrière du convoi. Nous avons plaisir à pédaler en a compagnie.

A 12h30 nous atteignons l’embarcadère pour Ometepe. Nous avions envisagé de rester dormir sur place et de prendre le bateau le lendemain. Après consultation des horaires, le prochain départ est annoncé à 14h, c’est tentant. Nous avons fait 77km, nous en aurons une vingtaine de plus à faire pour aller jusqu’à la Finca que nous avons repéré pour y camper. C’est jouable. Allons-y !

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Embarquement immédiat pour l’île d’Ometepe.

Ile d’Ometepe – Embarquement immédiat

Nous passons nos vélos les uns après les autres et prenons soin de solidement les attacher au ponton. Nous descendons dans la partie inférieur de notre navire et nous installons à l’arrière, derrière le chargement de sacs de ciment qui nous fera office de repose pieds. Nous enfilons, sur les ordres de l’équipage, des gilets de sauvetage. Liv et Tess sont complètement engourdies et gênées mais elles ne disent rien car elles comprennent que c’est important d’être bien équipé à bord de ce genre d’embarcation. Elles ont bien noté qu’ici les gens ne portent pas de casque en moto et maintenant tout le bateau enfile son gilet de sauvetage. Pour des yeux d’enfant (et les notres aussi) nous comprenons que ce ne soit pas rassurant : « Mais Maman, on va couler ? » …

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Lorsque le bateau quitte la jetée, un homme s’installe devant nous… et se met à pomper l’eau de la cale !

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L’homme qui pompe l’eau de la cale

Une fois la traversée effectuée, il nous faut décharger nos affaires. Je sors du bateau avec les filles pendant que Dave et Lilian restent à bord pour s’occuper des vélos. Ils sont passés par dessus bord puis portés par plusieurs hommes : service à domicile ! Rapidement, trois hommes arrivent vers moi pour me réclamer de l’argent. Je ne comprends pas, les vélos sont lourds et c’est probablement pour cela qu’ils réclament une pièce. Je fais signe à Lilian a qui lui aussi un homme demande de l’argent. Lilian est sur le bateau coincé. Il finit par payer quelques Cordobas.

Je me rapproche de l’homme à côté de moi qui attend que sa moto descende du bateau et lui demande de m’expliquer ce qu’il vient de se passer. En fait le billet que nous avons pour nos vélos nous a permis de quitter le port initial mais il ne comprenait pas la traversée. Les véhicules embarqués font l’objet d’une taxe qui se paye dans le bateau. Ah ! Personne ne pouvait nous le dire? Donc pas d’arnaque juste un moment d’incompréhension.

Il est finalement 16h passée lorsque nous remontons sur les vélos et nous devons encore pédaler 22km avec une belle montée sur 7km.

Nous espérons que les routes soient assez roulantes. Et bien nous remercions les chinois qui ont investis dernièrement dans toutes les routes de ce pays en vue de faire un canal qui pourrait concurrencer le canal de Panama. La route est toute neuve, fraichement pavée : le bonheur !

Une île pavée !
Une île pavée !

Lilian fini la journée en tant que pilote du convoi et assure pendant que j’ai le plaisir de discuter avec Dave en arrière (enfin nous pédalons aussi quand même). Une fois la montée avalée nous n’avons qu’à descendre à tout allure. C’est la sortie des classes, les filles lancent des « Holà » à travers les vitres de leur carriole, les enfants sourient en entendant ces voix qui sortent de nul part. Et puis un jeune jète un cailloux sur la carriole, heureusement sans faire de dégât. Nous sommes juste surpris tous les trois de cet acte totalement irrespectueux (mais qui peut arriver partout, cela nous est déjà arrivé à quelques kilomètres de chez nous en France).

Nous longeons une plage de sable noir dont nous sommes séparés par de jolis palmiers. La Finca (ferme) est encore à 8km. Le soleil commence à descendre à l’horizon, à 18h il fera nuit noir. Nous remontons quelques buttes puis arrivons à un chemin où il est indiqué que notre destination est à 1km. Il y a des cailloux partout mais cela semble roulant. Quelques instants d’hésitation… le temps de nous retourner il fera nuit, allons y !

Les premiers centaines de mètres sont praticables puis la fatigue, le sable, les cailloux et la pente rend le terrain impossible. La carriole est beaucoup trop lourde. Lilian descend de son vélo totalement épuisé et il a le droit. Les filles aussi débarquent et finissent à pied. Nous échangeons de vélos et poussons avec beaucoup de peine nos montures. Dave a filé devant mais nous voyons sa silhouette revenir vers nous. Il nous dit que c’est encore assez raide et qu’il a aussi poussé. Inquiet pour nous il a fait demi tour. Nous nous accrochons tous les trois à nos guidons, Lilian remonte en selle sur mon vélo et fini le chemin pour s’assurer de la distance qu’il nous reste à parcourir. Il fait maintenant de plus en plus sombre. La dernière partie de la côte est particulièrement raide, je suis contente de voir réapparaitre Lilian qui annonce qu’il reste 100m ! Nous poussons tout le chargement à deux : quelle légèreté tout à coup !

Et voila, encore une journée à 100km. Nous montons la tente dans le noir, profitons d’une bonne douche froide et prenons notre repas au restaurant de la Finca avec bien sur la bonne bière fraiche qui nous attendait !

6 commentaires

  • Je vous lis toujours avec autant de plaisir.
    Et vous sachant au CR , cela me donne l’impression d’être un peu avec vous.
    Vous êtes fabuleux !
    Besitos à los cuatro ! !!

  • coucou les enfants
    Trés heureuse de vous retrouver sur le blog, sachant que vous êtes actuellement au repos ( bien mérité) !!
    Belles photos , belles couleurs , ..
    on vous admire, franchement , bravo à vous 4
    plein plein de bisous trés fort !! :-))

  • Du courage, vous n’en manquez pas !
    De la ténacité pour ne pas lâcher, vous en débordez !
    De la maturité et les sens en éveil pour deux petites filles qui assurent pleinement !
    Le voyage vous va si bien !!!!
    Bises , bises, bises,bises !!!

  • coucou mes petits amis
    Un petit moment que je n’etais pas venu me promener sur votre super super blog
    Ravi que tout ait l’air de se passer super bien dans l’ensemble et admiratif aussi des efforts
    physiques que tout cela represente pour chacun de vous , enfants inclues ….
    les photos sont top et c’est genial de vous retrouver dans tous ces decors ….
    Tout va bien en France ( en gros quand meme pour etre honnete …)
    je pense bien a vous et vous embrasse bien fort
    laurent

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